
*La première récolte d’ensilage d’herbe 2022 ne passera pas à l’histoire. Certaines régions du Québec ont récolté à la fin mai et d’autres n’ont pu récolter qu’à la fin juin pour la première fauche !!!
Mais dans les deux situations, on retrouve les mêmes observations…certaines structures d’entreposage où on reprend de l’ensilage présentement CHAUFFENT ! Pourtant, ils ont récolté à la bonne humidité, la maturité des plantes était acceptable, la compaction ne semble pas différente des autres années…mais ça chauffe et l’ensilage ne sent pas ce qu’il devrait! Ce qui fait que les vaches réduisent leur consommation et laissent plus de refus.
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Qu’est-ce qui cause ce phénomène ou plutôt qui est-ce qui cause ce phénomène ?
Ce phénomène est appelé « fermentation secondaire ». Il est causé par l’activité des levures indigènes qui se retrouvent exposées à l’air.
En présence d’air, les levures consomment, entre autres, les sucres et l’acide lactique contenus dans l’ensilage. Ceci a comme conséquence la remonté du pH de l’ensilage. La hausse du pH fait en sorte d’augmenter l’activité des moisissures et d’autres bactéries nuisibles qui continuent à détruire votre ensilage.
L’activité de toutes ces bestioles mène à la production de CO2, d’H2O et de chaleur. En fait, on vient de perdre de la matière sèche !
C’est à ce moment que les vaches réduisent leurs consommations et ont plus de risques de désordres ruminaux. Moins de consommation + moins de volume de lait + moins de matière grasse produite = producteurs moins heureux.
Les pertes en matière sèche associées à cette instabilité aérobie se chiffre autour de 5-7% si la régie d’entreposage est bonne, voire 10-20% si la régie est mauvaise, selon Dr Limin Kung. Donc, sur 100 boîtes d’ensilage qu’un client aurait récolté…il ne pourrait que lui en rester que 80-85 à servir à ses vaches ! C’est un pensez-y bien….
On peut réduire l’activité de ces organismes nuisibles par différents moyens:
- l’application d’acide propionique sur l’ensilage ou la ration
- la gestion des résidus au sol comme lieu d’inoculation de levures
- en choisissant des cultivars résistants aux maladies (lieu de contamination potentielle)
- une bonne gestion de la hauteur de fauche
- l’utilisation d’inoculant spécifique
- une bonne compaction
- l’hygiène du chantier de récolte et bien d’autres pistes de solution.
Bonne saison estivale.
*Texte réalisé en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.