Les producteurs ont profité d’une fenêtre de beau temps exceptionnel la semaine dernière pour compléter leur récolte de maïs-ensilage qui serait terminée à « quasiment 100% », estime l’agronome Marie Landry Blais, spécialiste de la culture pour Corteva.
Francis Allard, agronome en développement de marché, Rive-Nord et Est du Québec pour Pride, confirme que la majorité a pu compléter les travaux grâce à la météo de septembre qui a favorisé le développement des plants de maïs. Celui-ci s’est soldé par un retard d’environ sept jours sur une saison normale.
Il est encore tôt pour qualifier le rendement puisque les analyses de récolte commencent tout juste à rentrer, mais la qualité semble s’étaler entre du très bon comme du très moyen. Des régions tirent leur épingle du jeu cette année. C’est le cas du Saguenay-Lac-Saint-Jean et du Bas-Saint-Laurent où les rendements seraient les meilleurs depuis de nombreuses années. « C’est une année maïs pour ces régions », indique Francis Allard. Ces dernières ont reçu moins de pluie qu’au sud et l’ouest de la province. Les semis ont même eu lieu à pratiquement les mêmes dates qu’au sud, un fait rarissime.
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Pour le reste du Québec, le portrait semble « satisfaisant », résume Marie Landry Blais qui ajoute que les résultats sont « extrêmement, extrêmement variables d’une région à l’autre », d’où la difficulté de dresser un portrait global. Sans généraliser, les problèmes ont été nombreux au Québec, en reflet à la saison difficile. « Il y a eu des quantités importantes d’eau qui sont tombées au cours de l’été, ce qui a un effet sur la digestibilité de la fibre qui est inférieure cette année ». Elle a d’ailleurs recommandé à certains producteurs d’augmenter la hauteur de la barre de coupe à 16 ou 18 pouces au lieu de 12 pouces pour obtenir un maïs-ensilage plus concentré avec moins de matière sèche.
Parmi les autres problèmes notés, les plants sont plus desséchés en raison du lessivage d’azote causé par les coups d’eau. Un fait plus marqué également dans les sols légers. On remarque aussi de nombreuses maladies foliaires, de la fusariose, du charbon et de la moisissure. « On a cette année un concentré de toutes les maladies qu’on peut retrouver dans le maïs (…) Les hybrides avec des sensibilités environnementales particulières ont vu ces particularités s’exprimer davantage », déclare Marie Landry Blais.
Elle note que tous les stress vécus par les plants en 2023, que ce soit le temps sec en début de saison, les surplus d’eau ou la verse, ont fini par affecter les rendements. Le maïs a également eu tendance à émerger de manière variable, un retard qu’il ne reprendra jamais et qui affecte le rendement. « Le maïs pouvait avoir l’air vert en bordure, mais il fallait entrer dans le champ pour constater les maladies et l’avancement des plants ». Le temps chaud a favorisé une maturation très rapide et un rétrécissement des fenêtres de récolte.
Francis Allard avance également que la variabilité était exceptionnelle cette année. « Ça prenait des cassures dans à peu près toutes les conditions pour observer la présence de matière sèche: les butons, les baissières et les bords de fossés (…) Il fallait une bonne planification de récolte », dit-il, pour compenser pour la variabilité dans le champ.
Marie Landry Blais rappelle qu’un plant malade perd non seulement en amidon, mais se dessèche plus rapidement, perdant un point de digestibilité par jour.
Le bilan de saison de Francis Allard est tout de même positif avec une qualité prometteuse, grâce au rattrapage de fin de saison.
Pour Marie Landry Blais, même si les conditions de 2023 se sont avérées extrêmes, c’est une occasion d’analyser les hybrides et leurs performances dans tel environnement, puisque l’avenir risque de réserver de nouveau des conditions hors normes.