Planifier pour mieux désherber

Publié: 29 janvier 2023

maïs champ mauvaises herbes

Le CRAAQ présente cet hiver quatre conférences sur la gestion intégrée des ennemis des cultures. L’une d’elle traite de la stratégie du désherbage en grandes cultures, réalisée par Patricia Leduc, agronome et conseillère en agroenvironnement, au Club Agri Conseils Maska.

Avec les changements de pratiques culturales, il faut adapter ses approches vis-à-vis les mauvaises herbes, tout en tenant compte de la santé et de l’environnement. La disponibilité de certains produits amène aussi à prévoir davantage ou à élaborer différents scénarios face aux  problèmes éventuels qui feront surface dans les champs. La résistance aux herbicides est également un autre aspect dont il faut tenir compte.

Source: Patricia Leduc

Même si le printemps est la principale saison du contrôle des mauvaises herbes, Patricia Leduc recommande d’étaler pendant toute l’année la planification. La raison en est bien simple : les pratiques culturales changent (par exemple le semis direct), ce qui implique d’autres types d’interventions. La culture des céréales d’automne, dont la popularité est en hausse, exige également une vigilance à l’automne.

À l’automne, Patricia Leduc recommande d’ailleurs de faire le dépistage pour les producteurs ayant adopté le semis direct depuis quelque temps pour une éventuelle intervention pré-récolte ou post-récolte. L’application d’un herbicide systémique sur les vivaces à ce moment de l’année a une meilleure efficacité puisque la matière active se déplace plus facilement vers les racines. C’est aussi le temps de prendre des échantillons de certaines mauvaises herbes, comme la vergerette, pour vérifier leur résistance par des tests en laboratoire.

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L’hiver se prête bien aussi à une rétrospective et à une évaluation. C’est le moment de faire le bilan des succès et des failles de l’année du côté du contrôle, des changements à venir dans les cultures et des manières de s’adapter. C’est également le temps de mettre à jour le registre phytosanitaire et d’établir un tableau de gestion des résistances par champ. En faisant une bonne rotation des herbicides, on peut éviter de créer des résistances. La présence de résistance va aussi influencer le choix des semences et le choix de génétique, par exemple en choisissant une variété de soya Enlist (résistance au 2,4D) pour la moutarde des oiseaux. La planification signifie aussi de vérifier les prix et la disponibilité des produits et sinon, d’élaborer des stratégies alternatives.

Le printemps est la période critique et exige de se déplacer régulièrement au champ. Les premières visites auront lieu dans les champs en semis direct pour vérifier si un brûlage doit avoir lieu puisque les patrons d’émergence sont différents dans ces cas-ci.

Patricia Leduc rappelle aussi que les mauvaises herbes auront le plus d’impact sur le rendement potentiel si elles sont présentes au début de la croissance des cultures. Les périodes critiques d’intervention diffèrent selon les cultures.

Source: Patricia Leduc

Pour le blé de printemps, le stade critique de la plante se situe au stade d’une à trois feuilles. L’herbicide de contact est habituellement utilisé en raison d’un choix plus limité à cette époque de l’année, et demande de faire un suivi.

Le stade critique du maïs est celui de deux à huit feuilles, soit vers la fin mai-début juin. Il faut garder en tête l’historique du champ pour avoir une longueur d’avance sur les mauvaises herbes potentielles et intervenir particulièrement sur les plantes à larges feuilles. Elles ont plus d’impact sur la croissance du maïs que les graminées.

La période critique pour le soya se situe au stade d’une à trois feuilles tri-foliées. Le type d’intervention varie selon le type de soya, soit OGM ou IP. On favorisera une approche en prélevée pour le soya IP suivi possiblement d’un deuxième passage selon l’efficacité du premier traitement.

Si tout va bien, le travail de contrôle des mauvaises herbes sera terminé à la mi-juillet.

Patricia Leduc recommande pour terminer de varier les stratégies pour « mêler les mauvaises herbes » et de vérifier les espèces qui se trouvent dans les champs. Une mauvaise herbe qui se dissémine rapidement par le vent ne demandera pas par exemple le même type d’intervention.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.