En cette mi-juillet, des producteurs ont déjà fait démarrer le moteur de leur moissonneuse-batteuse pour procéder à la récolte de blé d’automne. C’est le cas de Jean-François Ridel, de la Ferme Ridel à Saint-Césaire. Il a complété le 15 juillet la récolte de ses 75 hectares de sa variété de blé Warthog, destiné aux Moulins de Soulanges, si la qualité est adéquate.
Débutée à 20% d’humidité la semaine dernière, la récolte s’est poursuivie le 15 juillet (lundi) avec un taux de 13%. Jean-François Ridel a décidé de passer en quatrième vitesse en engageant un forfaitaire afin de devancer la pluie qui était prévue et qui ne s’est pas pointée finalement. En retardant la récolte, il prenait toutefois la chance de voir le poids spécifique de ses grains diminuer si jamais la pluie prévue venait à tomber.
Le bilan de cette récolte 2024 est globalement bien, avec un rendement moyen de 5 tonnes à l’hectare. Interrogé sur son résultat, le producteur se montre un peu déçu. « Avec 6 à 7 tonnes, on serait heureux. À 5 tonnes, c’est notre niveau plancher. Il y a de la place pour de l’amélioration », dit-il. Le niveau de protéines pourrait causer problème en raison de la date de récolte, ce qui sera à confirmer avec les résultats en laboratoire. Le poids spécifique est par contre « fantastique » à 80 kg/hl, indique le producteur. Puisqu’il est destiné à la consommation humaine, le blé n’a pas été traité aux fongicides ni aux herbicides.
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Renaud Péloquin, de la Ferme de Ste-Victoire à Sainte-Victoire-de-Sorel, n’a pas encore débuté, mais dit s’attendre à un rendement moyen également alors qu’à la sortie de l’hiver, les perspectives semblaient excellentes. « C’est pas la grosse année qu’on espérait ». Pour l’instant, il compte battre son blé jeudi ou vendredi, si la météo coopère. Il a reçu 2,2 mm de pluie lundi, alors que plus de 15 mm sont tombés près de Saint-Hyacinthe.
Jean-François Ridel mentionne ses bons coups et ses moins bons pour expliquer ses résultats. Le blé semé à la volée dans une parcelle de soya IP a très bien performé. Sa planification de fertilisation semble avoir fait défaut par contre. Il a procédé à un premier passage en avril, peu avant une tombée de neige, qui a très bien été. Un second passage aurait été nécessaire plus tard, juge-t-il, ce qui n’a pas été fait, d’où son rendement inférieur à ses attentes. « On a toujours peur au lessivage, mais bon an mal an, le blé semble capable d’en prendre », ajoute le producteur.
Contrairement à d’autres producteurs, il n’a pas enregistré de verse dans ses champs qui sont nivelés depuis 10 à 15 ans. Pas de signalement non plus de sauvagine qui rasait tout sur son passage, y compris la mauvaise herbe. Est-ce que c’est l’ajout d’épouvantails dans le champ? Cela reste à vérifier, mais le producteur ne se plaint pas de leur absence.
Jean-François Ridel envisage l’année prochaine de semer plus d’une variété de blé, pour allonger la saison et ne pas avoir besoin de recourir à un forfaitaire. « C’est inhabituel pour moi d’engager un forfaitaire, c’est une première », indique-t-il. Il y a le coût, qui vient gruger une partie du rendement, mais aussi le fait que la machinerie n’est jamais aussi bien nettoyée que la sienne. La stratégie de plusieurs variétés est à étudier, mais n’est pas non plus garante de succès puisqu’il n’y a pas tant de différences entre celles disponibles sur le marché, souligne le producteur.
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