Les champs de blé ont démarré la saison en deux vitesses : le blé d’automne promet après un hiver doux, tandis que les semis ont été difficiles pour le blé de printemps en raison des conditions météo. Dans les deux cas, la vigilance sera de mise pour prévenir ou éviter que les maladies grugent de beaux rendements, ou encore que les ravageurs s’attaquent à des champs plus en difficulté.
La rouille jaune observée
Du côté de l’Ontario, la rouille jaune a été observée dans les dernières semaines dans le blé d’automne et a même mené à des arrosages pour freiner sa prolifération. Une fiche rédigée par Agri-réseau rappelle que « les feuilles atteintes présentent de la décoloration de forme allongée disposée en longues lignes parallèles au limbe de la feuille ».
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La fiche rappelle comment le pathogène se manifeste et dans quelles conditions il se développe. « Lorsque les conditions sont propices à son développement, le champignon produit dans ces lésions de petites pustules jaune orangé et de forme allongée qui peuvent se disperser avec le vent sur de longues distances et infecter d’autres plants de blé. La rouille jaune attaque les tissus verts de la plante (feuilles, gaines et épis) et l’infection peut survenir à n’importe quel stade de développement du blé. »
Contrairement aux autres rouilles, la rouille jaune n’a besoin, à la limite, que d’un seul point d’infection pour se propager dans toute la feuille, privant ainsi cette dernière de sa capacité de photosynthèse. Une telle réduction de photosynthèse peut affecter grandement le rendement, surtout s’il s’agit de la feuille étendard. La rouille jaune peut causer entre 10 et 70 % de pertes de rendement », poursuit le rapport.
Risque lié à la fusariose de l’épi
La fusariose de l’épi n’est pas, quant à elle, considérée comme un risque, même si le blé d’automne progresse rapidement. Selon le dernier avis du Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP), la majorité des champs en Montérégie est au stade de l’épiaison et la floraison a même débuté dans certaines régions. Le chercheur au CÉROM Michel McElroy indique que ce risque est plus grand au Québec en ce moment, surtout avec les prévisions météos des prochains jours.
Selon le RAP, « un champ est à risque d’être infecté par la fusariose de l’épi si 70 % des épis sont entre le stade début floraison (anthères visibles au centre de l’épi) et mi-floraison (anthères visibles sur 50 % de l’épi). L’infection par Fusarium est fortement associée aux conditions météorologiques. L’infection de l’épi se produit lors de températures tempérées à chaudes (20 à 30 °C), mais surtout en conditions humides, c’est-à-dire une humidité relative de l’air avoisinant 95 % au moment de l’infection. Nécessitant des conditions humides, le risque était considéré faible au 31 mai, mais Agrométéo tient des cartes quotidiennes sur le niveau de risque.
Larves légionnaires uniponctuées et criocères des céréales
Toujours du côté de l’Ontario, des larves de légionnaires uniponctuées et de criocères des céréales dans le blé d’hiver ont été observées, a relevé l’entomologiste du CÉROM, Julien Saguez. Il mentionne sur les réseaux sociaux que « Dans le cadre du RAP, les captures de papillons restent faibles. C’est en Abitibi-Témiscamingue et en Montérégie que les captures ont été les plus « abondantes ». Mais le nombre de papillons n’indique pas si les larves et les dommages seront importants ». Il ajoute que des parasites contrôlent les deux ravageurs, mais invite les producteurs et agronomes à le contacter, ainsi que les responsables régionaux du MAPAQ et le RAP Grandes cultures, en cas de signalement. L’avis du RAP émis le 7 juin devrait mentionner ce prédateur.
En considérant les conditions de semis du blé de printemps cette année, plusieurs champs pourraient être à risque. Une fiche du RAP signale en effet que le dépistage devrait se faire dans les champs à risque tels que :
- les champs de céréales et de maïs semés tardivement et mal désherbés (particulièrement les endroits où il y eu ou avec présence de chiendent).
- les peuplements denses de céréales et de graminées vivaces.
D’autres conditions peuvent privilégier l’établissement des larves comme les prairies situées à proximité des cours d’eau
Le dépistage se fait alors :
- En évaluant les densités de larves de légionnaire tôt le matin ou en soirée, au moment où elles sont les plus actives. Le jour, elles se cachent dans la végétation dense et versée ainsi qu’au niveau du sol, sous les débris. Par temps nuageux, les larves se retrouvent parfois à l’intérieur du cornet des plants de maïs et sur les épis des céréales.
- Les larves se nourrissent en commençant à la base des plants de céréales et de graminées. C’est à cet endroit qu’il faut chercher les premiers indices de leur présence.
- Lorsqu’un champ de céréales est infesté de larves qui commencent à attaquer la feuille étendard, il faut le dépister quotidiennement pour déceler la présence d’épis coupés. Il arrive parfois que les plus grosses larves coupent les tiges en bas des épis. De tels dommages peuvent alors progresser très rapidement.