Rarement une récolte aura suscité autant d’excitation que d’appréhension que celle de cette année. Après un été plus que difficile, le temps exceptionnel de septembre a redonné espoirs aux producteurs de connaître une saison plus que respectable. Il est encore difficile de tracer un portrait d’ensemble avec les premiers tours de moissonneuse-batteuse, mais les échos venant du champ laissent entrevoir de bons rendements pour 2023.
Maurice Cadotte, agronome et directeur régional des ventes pour Pride, a pu récolter quelques parcelles. Il a également observé que des producteurs de la région de Saint-Césaire ont débuté. Une proportion de 4 à 5% serait dans le même cas, selon lui. Les rendements obtenus pour le moment tournent autour de 11 à 13 tonnes à l’hectare (tm/ha) à un taux d’humidité de 24 à 25%. La déception cette année repose sur le poids à l’hectolitre qui se situe à 68-69 kg, un niveau inférieur aux années précédentes.
« Les rendements sont bons. Ce n’est pas exceptionnel comme en 2022, mais c’est bien, compte tenu de la saison ordinaire qu’on a connu avec un printemps sec et un été mouillé. Une chance qu’on a eu un mois de septembre très chaud parce que sinon, ça aurait été une catastrophe. Ç’a été une année très, très, très stressante, mais les rendements ne sont pas si pires. »
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Élie Beaudry, de la Ferme Catélie à Donnacona, a débuté sa récolte depuis plus de trois jours et se montre très satisfait de ce qu’il obtient comme résultat. « Excellent rendement supérieur à la moyenne. Bonne qualité et humidité correcte à 27,5% pour la mi-octobre sans gel », dit-il. Son rendement pour le moment est 11,1 tm/ha, ramené sec, et le poids hectolitre est de 67-68 kg. « Pour un pionnier p-8294am c’est bien correct », ajoute-t-il.
L’état des cultures hebdomadaire de la Tournée des grandes cultures (TGCQ) rapportait un avancement des récoltes de 5%, semblable aux années précédentes avec un taux de maturité de 79%. Le dernier rapport de la Financière agricole, en date du 10 octobre parle pour sa part de « récolte de maïs-grain commencée, rendements supérieurs ou dans les normales anticipés ». Selon les données, 1% des superficies étaient récoltées contre 2% en 2022 et 10% en 2021.
Il restera à voir si les nombreuses maladies recensées cette année auront un impact sur le rendement. Il est question entre autres de fusariose sur les épis, donc risque de toxines. Les résultats d’analyse ne sont toutefois pas encore disponibles pour confirmer des cas. Il y a aussi les maladies de tiges du type anthracnose, fusariose de la tige et ainsi de suite.
Maurice Cadotte recommande de ne pas trop tarder, même si les prévisions météo penchent pour un automne plutôt chaud. Les premiers gels automnaux se font en effet attendre dans le sud et l’ouest de la province. « Les cannes de maïs sont plus fragiles cette année avec le lessivage d’azote. Les tiges pourraient aussi être plus faibles avec les maladies. C’est peut-être mieux d’y aller plus tôt que tard. »