Sirop : record absolu en 2024

La récolte est évaluée à trois-quarts de milliard de dollars

Publié: 21 juin 2024

Sirop : record absolu en 2024

La rumeur courait déjà depuis un moment sur le fait que la saison des sucres 2024 pourrait être une des meilleures connues à ce jour au Québec, ce que les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) ont confirmé lors de leur assemblée générale annuelle en annonçant une récolte de 239 millions de livres de sirop d’érable, « un record absolu pour la filière acéricole ». La production moyenne du printemps dernier est évaluée à 4,47 livres par entaille, tandis que la valeur de cette récolte se chiffre à près de 750 M$.

« Après une récolte décevante en 2023, la production 2024 fait le bonheur des entreprises acéricoles. Comme dans d’autres secteurs agricoles, plusieurs producteurs et productrices doivent composer avec la hausse de prix des intrants et des taux d’intérêt. Le sirop d’érable produit en quantité record est d’une belle qualité et permettra de continuer à répondre à la demande des consommateurs québécois et à l’international », se réjouit Luc Goulet, président des PPAQ, qui a été réélu à son poste lors de la rencontre.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas chez les acériculteurs. Le record précédent de 211 millions de livres a été produit en 2022, avec 4,26 livres par entaille, alors que la production de 2023 avait été presque deux fois moins abondante à 124 millions de livres produites et une moyenne à l’entaille de 2,43 livres.

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La durée exceptionnelle de la saison des sucres explique en partie l’abondance de la récolte. Débutée très tôt en février, elle s’est prolongée jusqu’au début avril. De plus, la coulée a commencé un peu partout dans la province à la faveur d’un hiver clément et d’un dégel hâtif. S’ajoute à l’équation 6,5 millions d’entailles de plus en production, sur les 14 millions accordées en 2021 et 2023.

Baisse de la consommation de sirop au Québec

La production de 2024 tombe pile puisqu’elle permet de regarnir la réserve stratégique en sirop d’érable, la seule de ce genre au monde. En raison d’une demande en hausse de 28% entre 2019 et 2013 sur les marchés d’exportation, cette réserve est tombée à son niveau le plus bas depuis 2008 avec seulement 7 millions de livres, après avoir atteint plus de 100 millions de livres quelques années plus tôt.

Avec 85% de la production de sirop vendue à l’étranger, la réserve a permis de suffire à la demande. Selon le bilan 2023 des Services promotion et développement des marchés des PPAQ, la demande a toutefois déclinée l’an dernier. Des marchés sont en recul, tels que le Japon, alors que d’autres sont en expansion. La France est l’un des pays où la demande croit d’année en année. Les PPAQ explorent aussi d’autres marchés comme l’Australie. Les États-Unis et l’Ontario, les principaux marchés pour le sirop, font l’objet de nouvelles stratégies.

Les ventes au Québec ont également décliné. Elles ont diminué de près de 9% en 2023 à environ 10 millions de livres. La valeur financière des ventes est un peu plus élevée et représente une baisse de 10% à 44,3 M$, contre 45,4 M$ en 2022. « Cette diminution est liée à la fin de la pandémie et au retour à la normale. Cette baisse était anticipée mais, en comparant la consommation par rapport au niveau prépandémie, nous constatons une hausse de 31 % en argent et de 15 % en volume par rapport à 2019 », indiquent les PPAQ.

Le plan stratégique du service promotionnel comprend d’ailleurs de recentrer les actions de promotion sur le marché domestique, soit le Québec.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.