
Avec un début de saison hâtif, l’heure a sonné pour la première coupe dans plusieurs régions du Québec. Le MAPAQ nous rapportait au 22 mai qu’en Montérégie, c’est 72 degrés-jours de plus que la moyenne des années 1981 à 2010 qui ont été enregistrés. Cela aura comme effet de précipiter les stades de maturité des plantes fourragères ainsi que des céréales d’automne.

Un bon outil pour mesurer l’évolution de la qualité des fourrages est l’analyse pré-récolte. Il suffit d’aller récolter le fourrage frais dans un endroit représentatif du champ et de l’envoyer à votre laboratoire. On peut parallèlement faire l’observation des stades de développement directement au champ en allant collecter les tiges et mesurer la position de l’inflorescence pour les graminées et le développement des boutons pour la légumineuse.
Au niveau des céréales d’automne, le conseiller agricole américain Thomas Kilcer a rapporté dans une lettre agronomique (en anglais) une perte de rendement avoisinant les 35% dans le cas de récoltes faites avant le stade précédant le déploiement de la feuille étendard, avec en plus aucun gain mesurable sur la qualité. Il faut toutefois être vigilant, car l’épiaison causera une diminution drastique de la qualité, et ce, pour tous les types de fourrages.
À lire aussi

Remontée du soya à Chicago
La fève a enregistré un premier gain hebdomadaire en quatre semaines à la suite des chiffres dévoilés quant à la prochaine récolte américaine.
John Winchell de Alltech (vidéo en anglais) a récemment souligné les variations quotidiennes suivantes au niveau de la fibre NDF et sa digestibilité à cette période de l’année:
- La fibre NDF augmente de 0,75%,
- La digestibilité de la fibre NDF à 30h (NDFD30) diminue de 1,5 à 3%.
- La fibre indigestible (uNDFD240) augmente de 2 à 5%.
Le spécialiste en fourrages invite donc à la prudence : être à la recherche du maximum de rendement au risque de perdre de la qualité est rarement une stratégie gagnante. Il faut plutôt viser l’équilibre entre les trois paramètres ci-haut.
John Winchell souligne aussi qu’une première coupe tardive retardera les coupes subséquentes et que le retard sera impossible à rattraper, avec comme conséquence des coupes automnales de moindre qualité durant la période critique.
Le mot d’ordre à suivre est donc le suivant: soyez préparés à récolter dès que les conditions sont favorables, même si cela implique de mettre d’autres tâches de côté.
*Texte réalisé par Caroline Matteau, en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte ne relèvent toutefois que de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.