La saison des sucres 2024 : de bonne à très bonne 

Une production de 4 livres à l’entaille a été déclarée à Bromont

Publié: 19 mars 2024

La saison des sucres 2024 : de bonne à très bonne 

Bien qu’il soit encore trop tôt pour avancer des chiffres, la saison se déroule si bien au Québec que la production est assurée de dépasser celle de 2023 et permettra de renflouer la réserve stratégique, qui est à son plus bas depuis 2008.

Malgré l’hiver anormalement doux et le printemps précoce, la saison des sucres va si bon train que d’ores et déjà, les Producteurs acéricoles peuvent assurer que la récolte de sirop d’érable dépassera celle de 2023 qui avait enregistré seulement 124 millions de livres. Elle avait été écourtée par un début en force du printemps et une chaleur qui avait pris demeure. Il est cependant encore trop tôt pour avancer si elle dépassera l’année record de 2022 avec ses 211 millions de livres.

Les producteurs acéricoles ont obtenu un premier aperçu de la saison la semaine dernière grâce à un sondage interne. Ces premières estimations sont impressionnantes, indique Joël Vaudeville, directeur des communications aux Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ). « La saison a débuté tôt cette année. On est habitué aux coulées hâtives qui ont lieu en mi-février, mais cette année, la coulée a débuté à la grandeur du Québec au lieu de la mi-mars, fin mars pour certaines régions et n’a pas arrêté. La saison 2024 devrait donc être plus longue avec une fenêtre de production qui pourrait s’étirer jusque fin avril, début mai à certains endroits, comme le Bas-Saint-Laurent. »

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Joël Vaudeville confirme que des interruptions dans la production ont eu lieu depuis le début de la récolte, mais que les nuits froides ont favorisé la coulée. Dans ce contexte, l’absence de couvert de neige n’a pas nui non plus, contrairement à l’an dernier. À titre indicatif, une production de 4 livres à l’entaille a été déclarée à Bromont.

La récolte pourra également compter sur les sept millions de nouvelles entailles accordées en 2021. Les producteurs avaient jusqu’au 1er avril 2024 pour leur mise en exploitation. Un second bloc d’entailles de sept millions a été accordé en 2023 pour augmenter la production. Les producteurs ont jusqu’au 1er avril 2026 dans ce cas pour les mettre en production. Le Québec compte actuellement 51 millions d’entailles et 8000 exploitations acéricoles.

Les ajouts d’entailles devraient augmenter la production de sirop d’érable, assujettie aux fluctuations liées à la météo. La réserve stratégique avait d’ailleurs reculé à 35 millions de livres en 2023. Elle a atteint en janvier 2024 son niveau le plus faible depuis 2008 à 15 millions de livres. Du côté des transformateurs, les chiffres définitifs des stocks pour la fin février n’étaient pas encore connus, mais ils étaient assurés d’avoir diminué de moitié depuis le 30 octobre 2023, alors qu’ils atteignaient 85 millions de livres, ce qui donne un chiffre de 40 à 45 millions de livres, déclare Joël Vaudeville.

Le plus important, indique le directeur des communications, est de ne pas en arriver à une rupture d’inventaire sur les marchés internationaux où beaucoup d’argent a été investi pour développer ces derniers. « Ça représenterait un retour en arrière avec des marchés à restructurer ». Joël Vaudeville ajoute que la pandémie a affecté les ventes à l’extérieur du Québec où les acheteurs ont remplacé le sirop d’érable par d’autres agents sucrants. Les chiffres des PPAQ montrent une hausse de 8% en moyenne de la demande sur les marchés internationaux dans les dernières années.

À noter, la faible récolte avait mené en 2023 à des réclamations records à la Financière agricole avec plus de 33 M$ millions pour excès de chaleur (Chaudière-Appalaches et Bas-Saint-Laurent). Les PPAQ ont sensibilisé leurs membres à souscrire aux programmes d’assurance pour pallier aux mauvaises années. La majorité des producteurs acéricoles seraient assurés à La Financière.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.