Du 12 au 18 août 2024, c’est la quatrième édition de la Semaine de SécuriGrain organisée par l’Association canadienne de sécurité agricole (ACSA). L’évènement survient à peine deux semaines après de décès tragique du producteur François Bourassa bien connu pour son implication syndicale en Estrie.
Le 23 juillet, François Bourassa a été retrouvé coincé dans un silo à grain sur la ferme. Amené à l’hôpital, il a succombé à ses blessures le 26 juillet.
« L’ensevelissement dans le grain est un problème de sécurité majeur dans l’industrie agricole, car il suffit de quelques secondes pour que quelqu’un en soit victime. Et, malheureusement, de nombreuses personnes ne survivent pas à ces accidents dévastateurs », explique Andrea Lear, chef de direction de l’ACSA. « Avec la Semaine de SécuriGrain, notre objectif est de souligner l’importance de la sécurité avec le grain et de sensibiliser un plus grand nombre de Canadiens aux dangers associés à la manutention et au stockage des grains. »
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L’organisation explique qu’en 10 ans, entre 2011 et 2020, il y a eu 27 décès dus à l’asphyxie par les grains au Canada. « Si les ensevelissements dans les grains sont souvent tragiques, ils peuvent aussi être évités », ajoute Andrea Lear.
Établir une procédure
Préventionniste en santé et sécurité au travail et répondante en formation agricole, Guylaine Martin du Cégep de Victoriaville explique qu’avant d’entrer dans un silo, il faut établir une procédure d’entrée dans un espace clos et prévoir un plan d’urgence en cas de besoin.
Guylaine Martin explique que de la formation «ventilation et séchage des grains» est offerte par Nicolas St-Pierre du Collège d’Alma. Elle-même en a organisée une dans sa région qui a affiché complet l’hiver dernier et une nouvelle est prévue l’hiver prochain. Nicolas St-Pierre offre aussi de la formation en ligne.
L’UPA vient aussi de créer une page sur les bonnes pratiques dans les silos à grains. Les voici:
- Débuter par l’identification de chaque risque et les moyens de les prévenir (en amont des travaux).
- Autant que possible, travailler à partir de l’extérieur (ex. : hublot qui permet de voir le niveau du grain sans entrer dans le silo).
- Élaborer et appliquer une procédure d’entrée en espace clos, laquelle doit prévoir notamment les équipements de protection individuelle requis (ÉPI), un moyen de communication bidirectionnel, un surveillant ainsi qu’un plan de sauvetage.
- Élaborer et appliquer une procédure de cadenassage pour le contrôle des énergies durant les travaux à l’intérieur du silo (ex. : couper l’alimentation de la vis à grains).
- Installer une ligne de vie sur l’échelle fixe et porter un harnais relié à une liaison antichute et un point d’ancrage (durant toute la durée des travaux).
- Porter un masque N95 lors des opérations de nettoyage (poussières biologiques) ainsi que tous les équipements nécessaires (protection oculaire, gants).
- Appliquer une procédure de contrôle des énergies pour la vis balai.
- Suivre les instructions du fabricant pour l’utilisation de chaque équipement.
De nombreuses documentations expliquent les précautions à prendre lorsque l’on croit nécessaire d’entrer dans les silos. L’ACSA en offre, la CNESST aussi.
Miser sur un bon entreposage
Des inventeurs américains ont même développé un robot, le Grain Weevil, pour défaire les croûtes de grains à la surface du silo et éviter d’entrer dans le silo. Selon Mathieu Phaneuf, président d’Agrilog, il s’agit d’une fausse bonne idée. Il explique qu’il vaut mieux prévenir pour éviter la formation de la croûte dans les silos. Il faut miser sur un bon entreposage.
« L’entreposage, c’est négligé », dit Mathieu Phaneuf. La croûte se forme durant la nuit. Le grain est chaud et le producteur ferme la ventilation. L’humidité du grain s’échappe et forme des gouttelettes au plafond du silo. Puis, l’humidité retombe sur le grain. Le dessus du silo est alors humide, ce qui est propice à la formation de croûte. La surface est alors très à risque d’effondrement. Selon lui, l’idée du petit robot est intéressante, mais elle ne règle pas le problème à la source.
Des équipements, vendus par sa compagnie et d’autres entreprises, permettent de bien contrôler l’humidité du grain à l’intérieur des silos. Toutefois, ils sont boudés par trop de producteurs qui les trouvent trop dispendieux. D’autant plus, que les producteurs craignent que le grain ne devienne plus sec avec ses outils.
L’UPA a aussi présenté les bonnes pratiques pour éviter d’entrer dans un silo. Les voici:
- Bien sécher les grains avant leur ensilage.
- Contrôler la moisissure.
- Contrôler l’humidité, la condensation et colmater toute infiltration d’eau (inspection du silo).
- Ventiler adéquatement le silo.
- Porter les équipements de protection individuelle requis en tout temps.
Mathieu Phaneuf explique que la sécurité entourant les silos n’est pas un sujet excitant pour les agriculteurs. Toutefois, lorsqu’un drame arrive, il est trop tard pour dire « j’aurais dû ».
Voici des ressources intéressantes :
Vidéo : Il y a quelques années, le Bulletin des agriculteurs produisait une vidéo sur la sécurité lors de l’entrée dans les silos à grain avec un expert de l’Association canadienne de la sécurité agricole.
Procédure d’entrée en espace clos
Formation Mieux comprendre la ventilation, le séchage et l’entreposage des grains
Semaine SécuriGrain 12 au 18 août 2024
UPA : Les bonnes pratiques dans les silos à grains, parlons-en!
Semaine SécuriGrain 12 au 18 août 2024
CNESST : Silos à grains
Catalogue des formations de l’UPA
La prévention pour éviter de faire partie des statistiques
Un robot pour les silos