Une recherché menée en Ontario indique que les néonicotinoïdes supprime l’appétit chez les oiseaux, perturbant ainsi leur migration.
Les résultats proviennent d’une étude faite par l’Université de la Saskatchewan et l’Université York, et publiée dans la revue scientifique Science. Ils indiquent que l’imidaclopride constituait une menace pour certains types d’oiseaux (songbirds). Les oiseaux ayant consommé des graines recouvertes de l’insecticide avaient perdu du poids. Cette exposition a aussi mis fin à leur migration.
«Nous avons observé ces effets à des doses équivalant à ce qu’un oiseau pourrait consommer de manière réaliste dans la nature, ce qui équivaut à ne manger que quelques graines traitées», a déclaré Margaret Eng, boursière postdoctorale au centre de toxicologie de l’Université de la Saskatchewan et autrice en chef de l’étude.
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« Les oiseaux dosés mangeaient moins de nourriture et il est probable qu’ils aient retardé leur vol car ils avaient besoin de plus de temps pour récupérer et reprendre leurs réserves pour leur migration. »
L’imidaclopride est un néonicotinoïde, soit une classe d’insecticides utilisée sur 10 millions d’acres au Canada. Les néonics sont appliqués à presque toutes les semences de canola au Canada et à une partie des semences de maïs et de soya.
Santé Canada a proposé d’éliminer progressivement toutes les utilisations agricoles des néonics en raison des preuves montrant que les insecticides s’accumulaient dans les étangs, les ruisseaux et autres plans d’eau situés à proximité des terres agricoles. L’organisme a fait valoir que l’insecticide réduisait la population de moucherons et de mouches dans les plans d’eau, risquant ainsi de nuire aux oiseaux et aux autres animaux qui dépendent de ces insectes pour se nourrir.
«Le ministère continue d’évaluer les risques potentiels pour les insectes aquatiques liés à l’utilisation de néonicotinoïdes», a déclaré Santé Canada plus tôt cette année. «Les recherches actuelles montrent que ces pesticides sont fréquemment détectés dans les masses d’eau à des niveaux pouvant être nocifs pour certains organismes aquatiques. Le département devrait rendre compte de ses conclusions à la fin de 2019. »
Normalement, les décisions proposées sur les pesticides deviennent des décisions finales à Santé Canada. Cependant, les données des tests d’eau effectués en 2017 et 2018 indiquent que les chercheurs ont découvert de très petites quantités de néonics dans les plans d’eau. D’après ces nouvelles données, certains observateurs estiment que Santé Canada pourrait reculer face à son interdiction de néonics.
L’étude de l’Université de la Saskatchewan pourrait forcer Santé Canada à réfléchir plus longuement à l’innocuité des néonicotinoïdes.
«La migration est une période critique pour les oiseaux. Tout retard peut nuire sérieusement à leur capacité à trouver un partenaire et à nidifier. Cette étude peut donc expliquer, en partie, pourquoi les espèces d’oiseaux migrateurs et les oiseaux des terres agricoles sont en déclin dans le monde entier », a déclaré Christy Morrissey, toxicologue à l’Université de la Saskatchewan et auteur senior de l’étude.
Les chercheurs de l’Université de la Saskatchewan et de l’Université York ont étudié des oiseaux dans le sud de l’Ontario, un endroit connu comme halte migratoire au printemps. Ils ont exposé les oiseaux à de petites doses d’imidaclopride et ont utilisé une technologie de marquage pour suivre l’impact sur les oiseaux. La composition corporelle des oiseaux a été mesurée avant et après exposition. Les chercheurs ont également suivi les déplacements des oiseaux dans la nature.
«Les oiseaux ayant reçu la plus forte dose de pesticide ont perdu 6% de leur masse corporelle en seulement six heures. Cette dose a également obligé les oiseaux à rester 3,5 jours de plus en moyenne sur le site de l’escale avant de reprendre leur migration, par rapport aux oiseaux témoins », a déclaré l’Université de la Saskatchewan dans un communiqué de presse.
Il s’agit de la première étude sur des oiseaux migrateurs (songbirds) exposés aux néonicotinoïdes à l’état sauvage.
Source: Robert Arnason, Farmtario (traduit de l’anglais)