Mère Nature mène la vie dure aux cultures depuis le début de la saison. Après le temps sec qui a suivi les semis et le froid de juin, juillet avait bien débuté en offrant la chaleur tant attendue. Mais qui dit chaleur dit aussi humidité et orages.
Les tempêtes se sont succédées dans les derniers jours dans plusieurs régions de la province avec des dégâts variables. Par endroit, les surplus d’eau ont abimé ou encore tué les plants alors qu’ailleurs, c’est le vent qui a joué les trouble-fête. La verse s’est mise de la partie avec des conséquences fâcheuses pour le blé et le maïs.
L’agronome Stéphane Myre, travaillant pour Dekalb, a fait part de dégâts dans la région de Saint-Hyacinthe après le passage d’orages forts dans la soirée de jeudi à vendredi. Il note des cas « de verse importants dans le maïs qui était aux stades V9 à V12 environ (4 à 6 pieds de haut.). Ces dommages peuvent varier et vont de l’inclinaison des tiges jusqu’au déracinement pur et simple des plantes.»
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Rejoint par Le Bulletin, il indique que la ligne d’orages forts est passée sur la rive-sud en longeant le fleuve. « J’ai eu un appel de Napierville disant que ça avait frappé fort également dans ce coin là.»

Le producteur Alex Benoit, de la Ferme Benco à Saint-Dominique, a partagé des photos montrant ses plus beaux champs affectés par l’orage qui a laissé 30 millimètres de pluie en 15 minutes, avec de forts vents.
Malheureusement, les intempéries ont eu lieu à un bien mauvais moment et ont paradoxalement frappé les meilleurs champs, soit les plus avancés. Comme il l’explique dans sa note technique, la culture est vulnérable à ce moment-ci de sa croissance puisque l’allongement entre les nœuds de la tige se produit très rapidement et dépasse souvent la lignine qui donne la force structurelle à la tige.
L’agronome recommande d’attendre quelques jours avant de conclure sur les dégâts. La vidéo plus bas montre comment la plante peut se rétablir. Un derecho, une ligne de tempête caractérisé par des vents forts près du sol, a causé des dommages dans le Midwest américain. La vidéo en accéléré montre la réaction du maïs.
Le maïs a eu pour réaction de reprendre sa croissance en col d’oie, s’il n’a pas été déraciné. M. Myre, qui anticipait ce genre de conséquence, avertit que bien qu’on puisse être soulagé de voir le maïs se reprendre, cela pourrait avoir des impacts à long terme. « Lorsque les dommages se produisent près du début de la période de pollinisation, il peut y avoir un certain « ombrage » des soies exposées (par rapport à la capture du pollen) par les feuilles et les tiges des plants voisins versés et la pollinisation peut ne pas se produire avec succès », explique-t-il Les épis pourraient par conséquent être mal pollinisés avec comme résultat final des épis inégaux et mal remplis.
À surveiller
L’agronome émet aussi plusieurs mises en garde. Après le contrôle des mauvaises herbes dans le soya, il faudra surveiller les maladies fongiques. Les conditions sont favorables à leur développement et les champignons à la source de la sclérotiniose ont été détectés dans les champs dont les rangs ne sont pas encore fermés. Des applications pourraient être de mise, selon le cas.
M. Myre mentionne également des cas de tâches goudronneuses en Ontario qui peuvent affecter jusqu’à 50% des plants de maïs. Bien qu’aucun cas n’ait été recensé ici, le fait que la maladie soit détectée aussi tôt en saison n’est pas de bon augure. Les cas de maladies sont d’ailleurs nombreux en Ontario et bien que les produits soient accessibles en ce moment au Québec, on ne peut pas négliger de possibles difficultés à se les procurer si la demande pour ces derniers est importante dans la province voisine.
Pour terminer, M. Myre recommande de bien inspecter les champs, mais aussi les bandes riveraines et les fossés pour détecter les mauvaises herbes résistantes aux herbicides. Il a vu récemment un fossé infesté d’amarante tuberculée sur le point de germer près d’un champ qui semblait exempt mais qui avait un historique d’infestation en 2022.