À quoi ressemblera la porcherie du futur?

Publié: 1 avril 2022

Le Colloque RDT de la filière porcine a été l'occasion de rendre hommage au chercheur retraité Jacques Matte d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. On le voit en présence de la présidente du comité RDT, Marie-Pierre Létourneau Montminy et de Michel Vignola qui a présenté l'hommage.

En quelques décennies, la production porcine a fait place à l’un des systèmes d’élevage les plus efficaces. L’évolution n’est pas terminée puisqu’on peut s’attendre à d’importants changements dans la porcherie du futur. Certains acteurs planifient même l’éden porcin.

Le titulaire de la Chaire de leadership en enseignement des bâtiments agricoles durable et professeur à l’Université Laval Sébastien Fournel a présenté une conférence sur ce thème lors du Colloque RDT de la filière porcine 2022 le 31 mars dernier.

Selon lui, contrairement à certains préceptes concernant la lutte aux changements climatiques, la production de viande demeurera. En fait, les élevages font partie de la solution aux changements climatiques. Toutefois, il faudra miser sur le bien-être animal et la production durable. C’est une question éthique. 

À lire aussi

Les bovins de race Highland sont des animaux extrêmement résistants au froid, mais ils ont du mal à supporter la chaleur estivale.

Des haies brise-vent pour lutter contre la chaleur 

La ferme WB a planté des haies brise-vent qui, à maturité, procureront de l’ombre à leur troupeau de vaches Highland lors des journées chaudes d’été. Cette initiative a été rendue possible grâce à l’expertise et au financement d’ALUS Montérégie. 

Parmi les éléments qui devront faire partie des élevages porcins, il faut considérer les besoins suivants :

  • Socialisation et le jeu : les porcs sont des animaux sociaux vivant en groupe;
  • Aire de repos : les porcs se reposent ensemble la nuit et en petits groupes pendant le jour sur des surface souples;
  • Exploration : les porcs explorent leur environnement à la fois pour se nourrir et pour découvrir leur milieu de vie; ils apprécient un enrichissement environnemental;
  • Élimination : les porcs défèquent et urinent loin de leur zone de couchage;
  • Thermorégulation : les porcs peuvent ajuster leurs comportements pour réguler leur température;

Les bâtiments du futur considèreront les comportements naturels des porcs. Ainsi, il y aura plus d’espace, incluant un accès à l’extérieur, pour limiter les agressions. Un enrichissement leur permettra d’exprimer leur besoin de fouiner. Une zone abritée permettra de les protéger des intempéries et leur permettra d’y passer la nuit. Finalement, des surfaces variées plus naturelles et des cloisons permettront aux porcs de faciliter la thermorégulation.

La porcherie du futur sera aussi conçue pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. Elle sera aussi basée sur les principes de l’agriculture durable. 

Certains chercheurs au Danemark travaillent sur un concept d’éden porcin dans lequel on retrouverait une toiture solaire et de la végétalisation pour apporter de l’ombre aux animaux. Les surfaces seraient plus naturelles ou seraient synthétiques, tout en imitant le pâturage. 

Les cages de mise-bas seraient remplacées par des mises bas en groupe, ce qui favoriserait la socialisation des porcelets. Même la production d’insectes pourrait être ajoutée pour favoriser l’économie circulaire. La séparation du fumier en solide et liquide serait aussi indispensable. Et la biométhanisation sera un concept de plus en plus présent.

D’autres éléments feront partie de la porcherie du futur, comme la géothermie, les échangeurs de chaleur, l’élevage de précision. La ventilation serait centralisée grâce aux contrôleurs intelligents. « Tout passe par là », dit Sébastien Fournel. L’Université de Guelph planche aussi sur un concept de porcherie du futur.

Premier colloque en recherche, développement et technologies

Le Colloque RDT – recherche, développement et technologies – était le premier depuis la mise sur pied du comité RDT. En tout 150 personnes ont pris part à l’évènement tenu à Drummondville. « On a dû refuser des gens » explique le directeur du CDPQ, Jacques Faucher qui se dit très fier de l’engouement pour l’évènement tenu en présentiel.

Hommage au chercheur retraité Jacques Matte

Michel Vignola de Trouw Nutrition a présenté un hommage au chercheur retraité Jacques Matte. Ce dernier a été chercheur pendant 35 ans au Centre de recherche et de développement de Sherbrooke d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Il a œuvré dans le secteur des vitamines et minéraux traces. Il a notamment beaucoup poussé pour démocratiser l’utilisation de l’acide folique chez le porc. « En 1984, personne ne recommandait de supplémenter les truies avec de l’acide folique. Aujourd’hui, personne recommanderait de ne pas supplémenter les truies avec de l’acide folique », dit le chercheur. 

Michel Vignola, qui l’a connu il y a quelques décennies déjà, lui reconnaît trois qualités : la compétence, l’altruisme et le respect. Il raconte qu’il avait dû durement défendre sa thèse. Il l’avait fait avec brio, ce qui lui avait amené la reconnaissance du milieu. « Il veut comprendre. Il veut connaître le mode d’action. Ça fait de lui un expert de renommée internationale », dit M. Vignola.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.