Les solutions simples pour augmenter le test de gras dans son troupeau laitier ne sont pas nécessairement les plus payantes. De plus, l’ère de l’alimentation avec presqu’uniquement du maïs-ensilage devrait être révolue.
La conférence présentée par l’agronome Annick Desjardins, conseillère stratégique, et l’économiste Simon Jetté-Nantel, tous deux de Lactanet, ayant pour titre « Analyse économique des options pour augmenter votre test de gras » lors de la Rencontre des Grands Troupeaux, à Sherbrooke la 12 décembre 2023, avait l’avantage de faire une analyse économique de la situation.
Cette conférence avait lieu dans le contexte de la nouvelle politique de paiement du lait par composant, car les producteurs laitiers se posent la question, comment s’adapter à cette nouvelle réalité. En effet, depuis le 1er août 2023 au Québec, le ratio solides non gras sur gras (SNG/G) maximal de paiement pour les SNG de niveau 2 est passé de 2,25 à 2,20. De plus, la référence de prix pour les SNG de niveau 2 a été modifié.
À lire aussi

Des haies brise-vent pour lutter contre la chaleur
La ferme WB a planté des haies brise-vent qui, à maturité, procureront de l’ombre à leur troupeau de vaches Highland lors des journées chaudes d’été. Cette initiative a été rendue possible grâce à l’expertise et au financement d’ALUS Montérégie.
Ajout de gras?
Pour certains, la méthode simple serait d’ajouter du gras riche en acides palmitiques. À 2400$ la tonne, Annick Desjardins et Simon Jetté-Nantel ont démontré que l’ajout de l’acide palmitique n’est pas une solution économique pour réduire le nombre de vaches. L’ajout de 200 grammes a un effet de 0,1 kg de matière grasse/hectolitre. Cependant, si l’ajout permet de faire des journées supplémentaires, c’est intéressant. Annick Desjardins nuance en disant que de faire les journées supplémentaires sans l’ajout de gras est encore mieux. Elle rappelle aussi que c’est aux producteurs à prendre la décision tout en sachant qu’il y a des gens qui boivent ce lait. S’il faut acheter du quota, l’ajout d’acide palmitique n’est pas intéressant. « Ce que je retiens de ça, c’est du quota qui se finance avec de l’acide palmitique, ça ne s’autofinance pas », dit Simon Jetté-Nantel. Il nuance en disant qu’il faut faire une évaluation attentive parce que certaines personnes pourraient en avoir besoin à court terme.
Certaines personnes considèrent les valeurs nutritionnelles de l’acide palmitique, mais Annick Desjardins et Simon Jetté-Nantel expliquent qu’avec de bons fourrages, les vaches n’en ont pas besoin. « Sauf peut-être pour des hautes productrices », dit Simon Jetté-Nantel. Annick Desjardins ajoute que dans son secteur où les vaches reçoivent toutes du maïs-ensilage. Les vaches qui produisent 12 000 litres de lait par année peuvent en avoir besoin durant une courte période.
Les mauvais gras
Les gras de l’alimentation ne sont pas tous bons. Annick Desjardins explique que les acides gras néfastes sont les C18-2. On les retrouve principalement dans les concentrés, l’ensilage de maïs et la drêche de maïs. Ils sont néfastes parce qu’ils causent une dépression du gras du lait. La fève de soya et la graine de lin ont peu de C18-2, mais beaucoup de gras, ce qui est aussi néfaste. Voilà une raison supplémentaire pour avoir de bons fourrages. Meilleurs sont les fourrages, moins les vaches consommeront de concentrés.
Si la ration de la ferme contient beaucoup d’aliments contenant des C18-2, Annick Desjardins recommande de travailler avec son conseiller en alimentation pour compléter avec des aliments pauvres en gras.
Annick Desjardins insiste sur l’importance de faire des analyses sur la présence d’acides gras C18-1, C18-2 et C18-3. Elle a longtemps cru en l’importance de l’ensilage de maïs, mais elle a maintenant réduit son importance dans l’alimentation. « Mais l’ensilage de maïs vient avec son lot de problèmes, dit-elle. Il vient en général avec beaucoup de toxines et maintenant, avec les C18-2. » Elle explique que Jean-Philippe Laroche, spécialiste fourrage chez Lactanet, a évalué que le meilleur taux d’incorporation de maïs-ensilage dans la ration est de 60% sur une base sèche.
Attention aux toxines
Pour améliorer la présence de toxines, Annick Desjardins parle de l’importance de faire des rotations de cultures. Il faudrait idéalement changer chaque année, minimalement aux deux ans. La fusariose, DON, est l’ennemi numéro un côté mycotoxines au Québec. Une expérience a démontré que les maïs résistants à la fusariose qui ont été injectés avec de la fusariose étaient 80% moins forts en toxines que les maïs non résistants. Elle recommande donc que les producteurs laitiers sèment des maïs-ensilages résistants à la fusariose. Tous les semenciers en offrent.
D’autres outils peuvent être utiles comme le PROFILab qui permet d’évaluer les bons gras du lait. Le confort des vaches, dont la ventilation, le refroidissement et l’espace à la mangeoire peuvent faire augmenter le test de gras. Simon Jetté-Nantel a calculé qu’il était rentable d’investir pour l’amélioration. Annick Desjardins explique que l’ajout de ventilateurs ne fera pas qu’améliorer le test de gras, mais il va aussi réduire les problèmes d’ulcères de la sole et améliorer le taux de conception.
Pour lire d’autres articles sur l’élevage laitier, cliquez ici.