La nouvelle récente du retrait du géant danois de la biométhanisation Nature Energy du marché du Québec soulève la question sur le modèle de la biométhanisation au Québec. Qui produira du gaz naturel renouvelable (GNR) au Québec?
Outre les grands projets, des petits projets sont prêts, du moins, presque prêts. C’est que les projets sont longs à sortir de terre. Demandez-le à Paul Sauvé de GNR Shefford en Estrie, un projet de biométhanisation en milieu agricole. La ferme bovine de Paul Sauvé loge deux pipelines dont celui d’Énergir avec qui GNR Shefford a une entente de distribution depuis l’hiver dernier. Mais le projet est au point mort.
« Par rapport à notre projet, le financement est en place », explique Paul Sauvé dans un courriel. « Tous les ouvrages préparatoires sont terminés. L’équipe de construction est présentement en attente. Des matériaux et équipements sont sur place. »
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« Mais… Ça fait bientôt 16 mois que nous attendons notre avis ministériel de la direction régionale de Sherbrooke du MELCCFP. Le méga projet d’énergie à Farnham l’ayant eu en 8 mois, vous comprendrez que nous nous interrogeons sur cet aspect. »
Le projet doit être jumelé à une étable qui doit être construite et qui est prévue pour améliorer l’acceptabilité sociale. Mais rien de tout cela n’est construit, ni l’étable, ni l’usine de biométhanisation. L’équipe de GNR Shefford s’impatiente.
« Nous espérons que bien avant le nouvel an, l’organisation du Ministre Charrette se prononce afin de nous délivrer l’autorisation ministérielle », dit Paul Sauvé.
Projet communautaire
Le projet de GNR Shefford est plus qu’un projet de biométhanisation. L’entreprise a notamment participé activement au comité de vigilance des voisinages et de la municipalité du Canton de Shefford et a modifié son projet en fonction des recommandations.
Ainsi, GNR Shefford envisage de déménager une partie de ses activités au Sud de la propriété et d’en faire un projet à vocation éducative. Des sentiers de vulgarisation seraient aménagés.
« Un projet en cours de planification pourrait transformer la ferme et ses installations en un espace d’apprentissage, d’expérience et de sensibilisation à l’agriculture durable, tout en réaménageant des sentiers existants sous la servitude d’Hydro-Québec pour les intégrer dans un concept écologique innovant », dit un communiqué.
Inspiré de la France
Paul Sauvé explique que le modèle québécois ressemble au modèle français.
« En France, gaz de France a joué un rôle prépondérant dans le développement de la filière, tant au niveau des petites installations agricoles familiales qu’au niveau des grandes installations industrielles », dit Paul Sauvé.
« La nouvelle de Farnham ne nous touche pas directement, mais nous souhaitons que les grands projets comme les petits réussissent à prendre vie au Québec », ajoute-t-il. Le gouvernement a de grandes ambitions pour la production de gaz naturel renouvelable (GNR), il ne reste qu’à s’assurer que tous les projets puissent prendre place, les petits comme les grands.
Rencontré à la porte-ouverte de la Ferme Royolait à Ange-Gardien, Christian Grenier de la Ferme du Grenier Gardengeois, également à Ange-Gardien, voit d’un bon oeil la nouvelle du retrait de Nature Energy du projet de Farnham. Il pense que les producteurs agricoles doivent contrôler les projets de biométhanisation agricole. C’est le cas avec le projet qu’il a monté et qui, comme celui de Shefford, n’attend que l’approbation du ministère de l’Environnement.
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