Des producteurs se lancent dans la biométhanisation

Les matières premières proviendront à 75% de déjections animales des fermes

Publié: 8 décembre 2023

biométhanisation

Décidemment, les projets de biométhanisation ont la cote. Le rêve de Christian Grenier de la Ferme du Grenier Gardangeois à Ange-Gardien peut enfin voir le jour. Un partenariat entre cette entreprise porcine et avicole vient de voir le jour avec Prorec et Keridis BioÉnergie pour permettre la réalisation du projet sur lequel il travaille depuis plus d’un an.

Prorec est la compagnie d’un autre producteur de porc, Stéphane Le Moine. Elle se spécialise dans la récupération de résidus de l’industrie alimentaire pour la valoriser en alimentation animale et ce qui n’est pas valorisable en nutrition animale sera utilisé dans la biométhanisation. De son côté, Keridis est issue de la fusion de Viridis Environnement du Québec, connue pour la valorisation des boues municipales, et du Groupe Keon en France ayant à son actif quelque 80 projets de biométhanisation.

« Ils vont être un partenaire dans le projet parce que dans la famille, on voulait avoir quelqu’un qui avait les connaissances de faire des projets comme ça, parce que faire un projet comme celui-là, c’est loin de construire une étable », explique Christian Grenier à propos de Keridis BioÉnergie. 

À lire aussi

Les bovins de race Highland sont des animaux extrêmement résistants au froid, mais ils ont du mal à supporter la chaleur estivale.

Des haies brise-vent pour lutter contre la chaleur 

La ferme WB a planté des haies brise-vent qui, à maturité, procureront de l’ombre à leur troupeau de vaches Highland lors des journées chaudes d’été. Cette initiative a été rendue possible grâce à l’expertise et au financement d’ALUS Montérégie. 

Taille humaine

Christian Grenier explique qu’il s’agit d’un projet à taille humaine contrairement aux grands projets annoncés récemment. « Tous les fournisseurs d’intrants agricoles qui vont être dans le projet, ce sont tous des familles d’agriculteurs que je connais depuis des générations parce que ce sont mes voisins », explique Christian Grenier.

Les matières premières proviendront à 75% de déjections animales des fermes dans un rayon d’environ huit kilomètres de la ferme. Le restant sera des résidus agroalimentaires non réutilisables en alimentation humaine et non valorisables en alimentation animale. Autant Christian Grenier que Stéphane Le Moine nourrissent leurs animaux avec des sous-produits provenant de l’industrie alimentaires non valorisables en alimentation humaine. Il n’est donc pas question de court-circuiter cette voie. 

« Notre projet va être différencié des autres projets, c’est la valorisation pour la nutrition animale et tous les sous-produits qui ne sont pas accrédités à l’Agence canadienne d’inspection des aliments vont aller à la biométhanisation, mais la priorité ne sera pas de cannibaliser l’agriculture québécoise, explique Christian Grenier. J’en ai dans mes fournisseurs qui utilisent des sous-produits laitiers de Prorec et ces produits-là vont continuer d’aller à l’alimentation animale. Notre partenariat était important pour la famille Grenier. Nous, on nourrit nos cochons avec des sous-produits de l’industrie laitière depuis plus de 20 ans. Donc, je ne voulais pas perdre ça dans un nouveau marché avec la biométhanisation. » 

Et cette préoccupation de réutiliser avant de transformer est aussi celle de Stéphane Le Moine. Ce dernier explique que le plus grand danger actuellement avec les grands projets de biométhanisation est qu’ils auront besoin de grands volumes de produits et qu’ils puisent dans les sous-produits laitiers qui sont actuellement utilisés par les fermes agricoles pour nourrir leurs animaux. Ces sous-produits ont un grand potentiel méthanogène.

Subventions

La prochaine étape est de trouver les fournisseurs d’équipements pour la construction du projet qui sera situé à Ange-Gardien. Comme l’explique Christian, la période est propice pour la construction de tels projets puisque dans son Plan pour une économie verte, le gouvernement du Québec a fixé à 10% le seuil minimal de gaz naturel renouvelable injecté dans le réseau de gaz naturel d’Énergir. 

C’est pourquoi de généreuses subventions sont disponibles via le Programme de soutien à la production de gaz naturel renouvelable (PSRGNR). « Ces programmes-là subventionnent 50% du coût d’implantation du projet, explique Christian Grenier. C’est pour ça que je n’arrête pas de dire pourquoi les agriculteurs n’ont pas d’autres projets? En ce moment, le gouvernement paie la moitié de l’investissement et il y a moyen de rentabiliser un projet en ce moment. Donc, en ce moment Énergir a faim. Énergir veut embarquer dans des projets. Le timing est là. » Il souhaite que ce projet soit un catalyseur pour les producteurs agricoles qui mettront en place des projets en respect avec l’agriculture locale.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.