L’agriculture québécoise est définitivement en mode réduction de l’utilisation des antibiotiques. Et tout comme les vétérinaires, les agronomes sont là pour épauler les producteurs agricoles. D’ailleurs, l’Association québécoise des agronomes en zootechnie (AQAZ) leur a préparé une journée de formation sur ce thème.
La professeure Marie Archambault et à l’agente de recherche Cécile Ferouillet, toutes deux de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, ont mis la table avec une formation sur ce que sont les antibiotiques, leur mode d’action et les raisons pourquoi il faut en réduire l’usage.
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La ferme WB a planté des haies brise-vent qui, à maturité, procureront de l’ombre à leur troupeau de vaches Highland lors des journées chaudes d’été. Cette initiative a été rendue possible grâce à l’expertise et au financement d’ALUS Montérégie.
Des exercices en petits groupes ont aussi permis à la cinquantaine de participants de réfléchir aux meilleures actions à entreprendre pour en réduire l’utilisation. Un panel d’agronomes de différents secteurs a permis de voir les défis que doivent relever chacun d’eux.
Pour la présidente ce l’AQAZ, Nathalie Côté, qui travaille pour les Producteurs de bovins du Québec, le but de l’activité était de faire connaître l’expertise des agronomes spécialisés en zootechnie et organiser une activité de formation. « C’est une formation adaptée pour nous », dit l’agronome.
Résistance naturelle
La professeure Marie Archambault explique que les antibiotiques ont été découverts par l’être humain. Ils n’ont pas été inventés. Les bactéries sont des êtres vivants. Dès qu’elles sont confrontées à un antibiotique, les bactéries essaient de survivre comme elles peuvent, d’où le développement de la résistance aux antibiotiques.
Ce qui complique le tout, c’est que les bactéries peuvent développer de la résistance à plusieurs antibiotiques et peuvent présenter de la résistance à un antibiotique sans jamais avoir été exposé à cet antibiotique. Finalement, les antibiotiques sont à la fois utiles en médecine humaine et animale.
Avec les années, les chercheurs ont trouvé des antibiotiques ayant de nouveaux modes d’action. Toutefois, une bactérie est une très petite structure. Les possibilités de nouveaux modes d’action sont très réduites. Puisque le potentiel de trouver de nouveaux antibiotiques est très faible, il faut préserver les outils qu’on a actuellement. Une façon est de commencer par utiliser les antibiotiques non utilisés ou peu utilisés en médecine humaine, et ne plus utiliser d’antibiotiques comme promoteur de croissance.
Il arrive de plus en plus que certains traitements aux antibiotiques ne répondent plus. C’est pourquoi des utilisations sont déjà retirées et des plans de stratégies mondiales, canadiennes et québécoises sont mis en place.
« L’Organisation mondiale de la santé prévoit qu’en 2050, les décès chez l’humain attribuables à la résistance aux antibiotiques seront supérieurs aux autres causes majeures de décès, dit Marie Archambault. Il faut donc agir et utiliser les antibiotiques seulement quand c’est nécessaire. »
Utiliser d’autres moyens
Pour réduire l’utilisation des antibiotiques, il faut penser à d’autres interventions. C’est l’exercice proposé par Cécile Ferouillet. En production porcine, des chercheurs européens de six pays ont classé 19 actions contribuant à réduire l’usage des antibotiques. Les agronomes de l’AQAZ ont fait eux-mêmes l’exercice avant de connaître le verdict des experts européens.
Voici les plus importants :
- Améliorer la biosécurité interne = toutes les mesures pour prévenir la dissémination d’un agent pathogène sur un élevage : lavage-savonnage-désinfection-séchage
- Augmenter la vaccination.
- Utiliser le zinc ou le cuivre pour contrôler ou traiter la diarrhée des porcelets post sevrage (*mesure controversée, voir note de Cecile Ferrouillet dans les commentaires plus bas)
- Avoir une bonne qualité d’aliment, rations optimisées et adaptées à l’âge des animaux
- Avoir un plan d’usage des antibiotiques basé sur un diagnostic et des données historiques
- Améliorer la biosécurité externe = toutes mesures qui préviennent l’entrée de bactéries ou de virus pathogènes dans l’élevage
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