Le prix du porc atteint actuellement des niveaux rarement égalés ou dépassés. Pourtant, les producteurs de porcs peinent à faire leurs frais, tout simplement parce que les prix des grains sont eux aussi à des sommets.
Selon le stratège de marché Gabriel Joubert-Séguin de RJO’Brien, les prix du porc actuels sont les 2e plus élevés depuis la mise sur pied des marchés à terme pour le porc il y a 20 ou 25 ans. La meilleure année a été 2014.
La situation est très différente. En 2014, la hausse du prix était causée par une pénurie de viande de porc liée à l’épidémie de diarrhée épidémique porcine (DEP) qui sévissait aux États-Unis et qui affectait 10 à 15% des porcs. Aujourd’hui, la hausse est plutôt liée à la très haute demande de viande de la Chine suite à l’épidémie de peste porcine africaine (PPA). Sauf que la Chine est en train de rebâtir son cheptel.
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Autre élément, le taux de change est plutôt avantageux en ce moment, autour de 79¢US, ce qui avantage le Canada sur les marchés internationaux, comparativement aux États-Unis pour le porc, mais désavantage le Canada pour l’achat des grains. « Le taux de change est encore, à mon avis, un élément avantageux que désavantageux », explique Gabriel Joubert-Séguin. Le prix élevé actuel du porc est donc une combinaison du prix du porc élevé aux États-Unis et le faible taux de change.
Les prix des grains sont actuellement élevés parce que la Chine achète de plus en plus. Suite à la PPA, la Chine a décidé de rebâtir son cheptel porcin, mais dans des élevages très différents de par le passé et dans ces gigantesques fermes, les porcs mangent des grains. Les stocks de maïs et de soya américains baissent et les prix augmentent.
La question est toujours de se demander si ce prix du porc va continuer de monter. Selon Gabriel Joubert-Séguin, le prix reflète davantage l’anticipation de la demande de la Chine pour la demande de viande de porc que la demande réelle. « L’actuel n’est pas aussi optimiste que ce que le marché prévoit », dit-il.
Malgré les prix du porcs élevés, les producteurs de porcs ne se précipitent pas pour vendre ou fermer des contrats. La raison est que les profits ne sont pas au rendez-vous en raison des prix des grains élevés.
« Pour le prix des grains, malheureusement, je pense que ça va rester très haut », dit le stratège. Les stocks de soya aux États-Unis devraient être pratiquement nuls à la fin de l’été et très bas dans le maïs en raison des exportations vers la Chine.
Quelle stratégie adopter alors? Gabriel Joubert-Séguin pense que les producteurs devraient protéger les prix des grains par l’achat d’une assurance. « Je pense que c’est la meilleure façon de se protéger », dit-il. Ainsi, si le prix continue de monter, les producteurs qui l’auront fait, auront sécuriser un prix. Pour le prix du porc, Gabriel Joubert-Séguin croit qu’il ne faut pas trop fixer son prix d’avance parce que le profit n’est pas au rendez-vous. Il pense que la hausse du prix du porc approche le maximum.
L’agroéconomiste Anthony Lévesque des Consultants Denis Champagne explique qu’en ces temps changeant, les courtiers en bourses «offrent un plus grand éventail de stratégies pour se protéger que le SGRM qui est malgré tout un outil très intéressant pour effectuer de la contrepartie». Contrairement à Gabriel Joubert-Séguin, il pense qu’il est une bonne chose de sécuriser une partie du prix du porc. Depuis décembre, il a en effet remarqué que le prix a monté de 30 à 40$ le porc des contrats jusqu’en juillet, et entre 20 et 30$ sur les contrats de septembre à décembre. Une chose est certaine, les décisions ne sont pas faciles à prendre.