Une graminée pour résister aux changements climatiques

Publié: 8 mars 2018

Une graminée pour résister aux changements climatiques

La fétuque élevée pourrait remplacer avantageusement la fléole des prés, communément appelée le mil, pour nourrir les vaches laitières dans le contexte du réchauffement de la planète.

Être climatosceptique, c’est dur quand on travaille en agriculture! Au Québec, les experts prédisent un allongement de la saison de croissance des cultures combiné à une hausse considérable des unités thermiques qui varient selon les régions. Les changements devraient se produire sur un horizon d’une quarantaine d’années. Toutefois, ils se font déjà sentir. Par exemple, la fléole des prés, la graminée la plus utilisée au Québec, repousse de moins en moins aisément après sa première coupe. C’est une plante qui tolère mal la sécheresse ainsi que la chaleur, et ses périodes de récolte sont moins bien synchronisées qu’avant avec celles de la luzerne.

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La fétuque élevée à l’essai

Une solution pourrait être de remplacer cette plante fourragère par une autre beaucoup plus résistante : la fétuque élevée. Vous craignez que les vaches trient la fétuque de leur ration à cause de sa faible appétence, réduisant ainsi leur prise alimentaire? De cette préoccupation est né un projet de recherche mené à l’Université Laval. Il visait à évaluer si le remplacement de la fléole des prés par la fétuque élevée affecte les performances laitières des vaches. Le test comparait quatre différentes rations composées soit de fléole, soit de fétuque, soit de chaque espèce en mélange avec la luzerne. Tout était servi sous forme d’ensilage pré-fané.

Les résultats sont convaincants. Les vaches ont consommé la fléole et la fétuque de façon équivalente, sans réduire leur prise alimentaire. Elles ont toutefois préféré les mélanges d’espèces aux rations comprenant une graminée unique. Face aux rations de fléole-luzerne ou de fétuque-luzerne, la consommation volontaire de matière sèche a augmenté, ainsi que le lait fourrager et la production laitière. Ces résultats probants justifient la pratique des mélanges fourragers observée depuis longtemps sur les fermes laitières québécoises.

Le projet a aussi étudié le mode de conservation idéal de la fétuque en testant les rations de cette graminée sous deux formes : ensilage pré-fané et foin demi-sec. Cet examen a livré des résultats surprenants. La consommation volontaire de matière sèche a diminué avec le foin demi-sec comparativement à l’ensilage pré-fané. Par contre, cette baisse ne s’est pas répercutée sur la production laitière, qui est demeurée stable.

Autres solutions de rechange à la fléole

Le développement de nouveaux cultivars de fléole des prés mieux adaptés aux changements climatiques et les essais de nouvelles espèces de graminées fourragères comme la fétuque élevée, la fétuque des prés et le brome des prés se poursuivent. Des recommandations sur les nouveaux cultivars et les mélanges optimums de plantes fourragères sont attendues. C’est un sujet chaud, à suivre de près!

Pour visionner une courte vidéo sur le projet, visitez novalait.ca/capsules-video.

Article en collaboration avec Novalait

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