On a finalement réussi notre récolte de pois verts vendredi dernier. On venait tout juste de recevoir 65 mm de pluie et voilà que le téléphone sonne. La récolte est prête! On attend une douzaine d’heures pour revalider si le terrain est portant. Impressionnant la solidité du sol, même si ça colle un peu en surface. Le vent se lève et la pluie semble derrière nous. Le temps que la cavalerie arrive et le terrain en avait encore gagné.
Les machines de récolte sont lourdes, ce n’est pas parfait, mais c’est acceptable. Le temps de tout faire la récolte et voilà que quelques heures après avoir terminé, il retombe un nouvel orage de 27 mm laissant le champ reluisant comme une patinoire.
Pendant ce temps-là, j’étais en train de finir d’épurer ma parcelle sélecte de blé d’hiver. Malgré huit heures d’épuration, les comptes hors types étaient trop hauts. Pour une parcelle sélecte, seulement six hors types et moins sont tolérés sur 120 000 plants.
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Nos champs changent
Il suffit de partir cinq jours de la ferme en pleine canicule pour réaliser à notre retour que les champs ont énormément progressé.
Je repasse donc une 3e fois en répétant des passages plus serrés et un peu moins vite. Après cinq heures de travail en ce beau dimanche, je réussis à en trouver assez pour espérer que tout soit ok. J’espère réussir notre inspection afin de pouvoir commencer la récolte.

Lundi, l’inspecteur se pointe et commence à faire l’inspection et voilà qu’on constate qu’il y en a encore trop. Trois plants de trop aux 120 000. Pas vrai, je vais devoir la remarcher! Je dois m’organiser pour trouver 2-3 plants hors types à toutes les longueurs de 300 mètres. Pas maintenant par contre. Il est 15h, je n’ai pas diner et je commence à être déshydraté. En plus d’avoir les yeux en bouilli à force de chercher des barbus.
Plus on avance, plus on réalise que c’est les plus difficiles à repérer parce qu’ils sont un peu plus bas bien cachés au fond. Je commence à le connaître le un hectare piqueté aux quatre coins. Cette fois-ci, on va la faire à deux ou trois pour amener un peu de différence de paires de yeux.
Pendant ce temps, la récolte avance en maturité et nos forfaitaires attendent patiemment. Par contre, le champ normal passe l’inspection donc on pourra s’installer pour récolter le plus bas statut en attendant de réussir notre épuration. Ça nous donne une coordination des travaux qui ressemble un peu aux douze travaux d’Astérix, mais on va y arriver.
Quand même déçu et un peu découragé pour tout le chamboulement au programme, loin de ce qu’on avait prévu au départ. Je me console en me disant que c’est très rare qu’on doive mettre autant d’heures dans une parcelle sélecte. En même temps, mon corps me souligne son inconfort en me réveillant avec des crampes nocturnes aux jambes fatiguées à force de marcher dans du blé d’hiver tirant à la hauteur des hanches.
Respect aux inspecteurs qui font ça à longueur de journée et n’oubliez jamais tout le travail de sélection, d’épuration et de gestion de tout ce qui tourne autour du fameux prix de la semence. Il y a beaucoup de travail pour y arriver. Profession agriculteur.