Ça commence par un problème d’égouttement dans un secteur de champ. Premier réflexe : on redoute que les drains ne travaillent pas bien. Sort le plan de drainage pour avoir une idée de ce qu’il y a comme tuyauterie souterraine. Ça confronte avec une section de collecteur en plein milieu du champ. Installation typique de ce qui se faisait à la fin des années 1970. On creuse pour localiser le collecteur et tout semble beau. Les drains aussi sont parfaits. Pas de terre, pas d’affaissement. Coup donc! Vas-tu falloir rajouter une rangée de drain?
Faut dire que sur la ferme, on a 50% de nos surfaces drainées à plus de 140 pieds. On a même des sections à 200 pieds et tout fonctionne bien. Ce qui n’empêche pas qu’on a d’autres secteurs drainés à 35 pieds. Quelqu’un m’a déjà dit : t’es chanceux! Tu as des terres qui boivent. Euh… ouin! D’un autre côté, j’aime bien penser qu’on y est peut-être pour quelque chose dans le résultat.
Alors pourquoi notre système de drainage qui fonctionne bien depuis plus de 48 ans ne semble pas bien fonctionner aujourd’hui? On avait justement fait une expérience diagnostic dans ce secteur dans un autre bloc de champs. Résultat : problème d’infiltration.
À lire aussi
Quand il y a plus de sièges disponibles que d’opérateurs
Dans certaines périodes intenses, comme celle-ci, on a l’impression qu’il y a plus de tâches que de ressources humaines. Tout devient une gestion des priorités.
Cette année, la récolte de blé est sortie. Le sol est sec, alors je sors la grosse quincaillerie : mon petit kit diagnostic de la santé des sols. Je sors la pelle et je fais un profil de sol de « farmer », question de voir la densité du sol. Rien d’assez dense pour faire des diamants, mais j’observe quand même une zone plus dense entre 10 et 20 cm.
Je fais une évaluation rapide, alors je place mes petits tuyaux abs que j’ai gradué bien assis sur le premier 10 cm et je mets de l’eau dedans tout en partant le chronomètre. Je fais la même chose à 25 cm dans la zone qui me semble plus aérée, question de comparer la vitesse d’infiltration de l’eau.
Afin d’éviter d’avoir l’impression de perdre du temps, je me déplace dans la zone sans problème pour répéter le même genre de diagnostic. Je termine mon 2e site et je reviens au premier.
À 10 cm j’ai seulement 0,5 mm d’eau de disparu en 40 minutes. À 20 cm, 10 mm se sont infiltrés. C’est tout de même 20 fois plus rapide. Dans notre secteur qui semble sans problème à 10 cm, l’infiltration arrive à 10 mm en 30 minutes et 40 mm en 30 minutes à 25 cm.
Le problème se situe donc en surface au niveau de la compression de particules fines qui ralentit l’infiltration de l’eau. J’aurais pu faire d’autres trous afin de préciser mon diagnostic, mais il fait chaud et le temps me manque si je veux m’assurer de faire le travail avant la pluie annoncée. J’y reviendrai!
Rapidement, notre idée première d’ajouter un drain ne donne rien si le problème se situe à 20 cm de la surface. On décide donc de passer notre sous-soleuse dans un angle d’environ 10 degrés seulement dans la section problématique. Pourquoi ne pas passer le chisel par exemple? Afin d’éviter de brasser le sol et de remettre les matières fines en suspension tout en étant obligé de retravailler le sol pour le mettre prêt pour un semis.
Tandis que notre sous-soleuse soulève seulement le sol sans rien bouleverser en surface ni sortir de terre en espérant que les racines des plantes déjà en place puisse coloniser la section ameublie. Ce qui nous permet de réaliser que dans ce cas précis, le fait d’ajouter des drains nous permet d’effectuer un sous-solage de luxe. Un socle de draineuse auquel on ajoute un tuyau, alors que le sous-solage seulement peut nous permettre de corriger la situation. Tout ça en me servant de la trousse santé des sols.
Profession agriculteur.
