La coupe de 40$ par 100 kg de porc était la moins pire des solutions

Un groupe de travail se penche sur les solutions et interpelle le gouvernement

Publié: 10 avril 2022

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les usines d'Olymel ne sont plus vraiment les mêmes. Les mesures de protection des travailleurs ont été multipliées.

Le contexte mondial actuel et surtout le manque de main d’œuvre a mené à la coupe de 40$ par 100 kg de porc en vigueur à compter du 4 avril 2022. Cette entente temporaire convenue entre les Éleveurs de porcs du Québec et les abattoirs de porcs du Québec inclut diverses clauses, explique le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le vendredi 8 avril. 

Voici les conditions de l’entente :

  • Il n’y aura pas de diminution du volume de porcs abattus durant la période de l’entente.
  • Olymel a consenti à une diminution de l’abattage d’environ 6500 porcs de l’Ontario par semaine au profit des porcs du Québec. 
  • Une tierce partie validera les états financiers des abattoirs. Si les états financiers révèlent des profits, l’entente prévoir un remboursement de leur part auprès des producteurs. 
  • Aucune ristourne ou dividende n’est permise aux membres ou actionnaires sans un remboursement des producteurs. 
  • Un groupe de travail est mis en place afin de s’assurer du soutien gouvernemental dans le cadre de ce plan, tant pour le MAPAQ que la Financière agricole du Québec.

Si cette entente n’était pas survenue, la menace était que les transformateurs diminueraient leur volume d’abattage de porcs. L’appui du gouvernement est essentiel en raison de sa participation importante dans l’assurance stabilisation des revenus agricoles (les deux tiers de la prime).

Travailler ensemble

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En entrevue, David Duval explique qu’il veut que la filière travail ensemble pour trouver la solution à la situation actuelle. Même s’il comprend la frustration et la colère des producteurs, il explique qu’il ne sert à rien de chercher un coupable. « Il faut s’en aller dans cette vision-là. Sinon, on ne passera pas au-travers », dit-il.

Il explique que tous les transformateurs vivent une période difficile actuellement qui rend leurs opérations non rentables. Le contexte international et surtout la pénurie de main d’œuvre font en sorte que le secteur de la transformation est non rentable en ce moment.

Non rentable

En entrevue, Paul Beauchamp, le premier vice-président du principal transformateur de porcs du Québec, Olymel, explique que la pénurie de main d’œuvre est le principal problème vécu par le secteur de l’abattage et de la transformation en ce moment.

Lorsqu’il compare avec les États-Unis et le reste du Canada, Paul Beauchamp constate que le Québec se distingue. « Le Québec a une situation plus aigüe de problématique de main d’œuvre », dit-il. 

Paul Beauchamp fonde beaucoup d’espoirs dans les deux nouvelles annoncées par les gouvernements, soit la plus grande admissibilité de travailleurs étrangers temporaires pour les abattoirs (passant de 10% à 20% des travailleurs) et la simplification de l’embauche des bouchers spécialisés. Compte tenu des délais de traitements, les travailleurs étrangers temporaires liés à ces annonces sont attendus cet été et les bouchers spécialisés devraient arriver d’ici un an. Ces travailleurs sont choisis dans des pays francophones pour faciliter leur rétention après leurs deux années complétées. 

De plus, suite à la nouvelle convention collective de Valley-Jonction, Olymel a pris l’initiative de rouvrir les conventions collectives dans ses autres usines afin d’assurer une rétention de la main d’œuvre et assurer une meilleure équité entre les travailleurs des différentes usines.

Face aux producteurs qui critiquent la gestion d’Olymel, Paul Beauchamp répond que « c’est souvent facile de critiquer les autres ». « Quand on regarde la situation qu’on traverse à l’heure actuelle, je n’ai pas la perception que c’est lié à un problème de gestion. C’est un problème de main d’œuvre et de marché », dit-il.

Paul Beauchamp rappelle que la filière porcine québécoise a passé à travers plusieurs crises dans son histoire. Il estime que les problèmes ont été identifiés et que les solutions sont en train de se mettre en place.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.