10% moins de cochons produits au Québec dans trois ans

L'agronome Denis Champagne s'exprime sur la crise actuelle

Publié: 24 février 2023

Après une baisse de 20%, la production porcine pourrait se stabiliser à une baisse autour de 10%, selon Denis Champagne.

L’agronome Denis Champagne, fondateur des Consultants Denis Champagne, une référence en matière de services conseils en production porcine au Québec, en a vu passer des crises dans le secteur porcin. Ça fait 46 ans qu’il est consultant en production porcine et il est encore très actif, se présentant trois jours par semaine au bureau. Pourtant, il n’a aucune idée de la façon dont cette crise se terminera. « C’est difficile d’avoir une vision à long terme, parce qu’on ne peut pas en avoir une à court terme », dit-il. Il estime toutefois que la baisse de production porcine devrait se stabiliser autour de 10% d’ici trois ans.

Il explique que le problème que vivent les producteurs de porcs actuellement en est un de manque de liquidités. Et le problème que vivent les abattoirs est aussi un manque de liquidités.

« On a déjà passé d’autres crises, dit-il. Ce qui distingue celle-ci, c’est que par le passé, on a passé des crises uniquement liées au prix de vente, tandis que maintenant, on vit une crise liée au prix de vente – il faut que je donne un rabais pour qu’ils puissent acheter mes porcs. En plus, c’est un problème de structure au niveau du système d’abattage du Québec. »

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Denis Champagne explique que les abattoirs ont les infrastructures pour abattre, mais puisqu’ils manquent de liquidité, ils doivent vendre des actifs. « Quand ça va mal temporairement, tu fais quoi? Tu vends des actifs », explique-t-il.

Questionné sur le départ possible de producteurs de la production, il explique qu’à court terme, il anticipe une baisse de production de 20%, tel qu’annoncé par Olymel dans les derniers mois, soit environ 1,3 million de porcs. Certains producteurs qui avaient prévu quitter la production d’ici quatre ou cinq ans pourraient décider de hâter leur décision. Selon lui, il pourrait y avoir une augmentation graduelle par la suite, soit d’ici deux à trois ans. Voilà pourquoi il estime qu’il y aura une baisse finale de la production porcine de 10% d’ici deux à trois ans, soit 700 000 porcs. « C’est quand même beaucoup de cochons », dit-il.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.