Plus de maïs et de blé cette année… vraiment?

Publié: 29 mars 2023

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<strong>Plus de maïs et de blé cette année… vraiment?</strong>

C’est vendredi le 31 mars, que le USDA donnera officiellement son coup d’envoi à la nouvelle saison avec la publication de son sondage sur les intentions d’ensemencements américains pour 2023 (Prospective Plantings).

Comme c’est le cas chaque année, ce rapport est très attendu des marchés. À partir des résultats de ce sondage, il devient possible pour la première fois de se faire une idée sur ce que pourraient être les récoltes américaines de la prochaine année. Et qu’est-ce qu’anticipent les marchés en prévision de ce rapport?

Essentiellement, on prévoit pour ce vendredi une hausse généralisée des superficies semées : maïs +3% à 90,9 millions d’acres, soya +1% à 88,2 millions d’acre et blé +7% à 48,9 millions d’acres.

Je trouve intéressants ces chiffres. A priori, mon avis, le comportement du marché du soya se sera montré quand même plus intéressant que ceux du maïs et du blé dans les derniers mois. On sait aussi que de manière générale, les prix des engrais restent assez prohibitifs. En principe, le soya devrait donc ressortir comme le grand gagnant de cette course aux ensemencements pour 2023. Mais ce n’est pas le cas…

Deux indicateurs clés peuvent nous aider à mieux comprendre cette situation.

Le premier est le fameux ratio soya/maïs. Celui-ci consiste à diviser le prix du soya de la prochaine récolte par celui du maïs aussi de la prochaine récolte. Le principe ensuite est que si le ratio dépasse 2,4-2,5, ce sont les ensemencements de soya qui sont favorisés et vice-versa; un ratio sous 2,4-2,5 favorise plutôt le maïs.

Or, comme on le constate avec le graphique ci-haut, le comportement du marché crie depuis des mois qu’il serait plus intéressant de semer du maïs plutôt que du soya.

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On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.

Un second indicateur intéressant est le « spread » (écart) entre le prix « spot » et celui prochaine récolte. Donc essentiellement, on regarde dans le temps comment se comporte le prix du jour par rapport à celui de la prochaine récolte. L’idée ici est que, bien entendu, on voudrait en principe produire le grain dont le prix de la prochaine récolte apparait le plus avantageux par rapport à celui que nous avons présentement.

Prenons maintenant le cas du soya. Depuis le début de 2023 à la bourse de Chicago, il propose un écart négatif important autour de -48 à -64 $US/tonne de moins entre aujourd’hui et la prochaine récolte. Le maïs lui s’en sort mieux avec un écart néanmoins négatif de -24 à -31 $US/tonne. Par contre, le blé propose quelque chose de certainement plus intéressant avec un écart « positif » de +3 à +9 $US/tonne.

À regarder ainsi nos deux indicateurs, le ratio soya/maïs et le « spread » entre les prix d’aujourd’hui et ceux de la prochaine récolte, il fait effectivement beaucoup plus de sens que les ensemencements américains de maïs et blé soient prévus plus à la hausse que ceux de soya.

Cela dit, le dernier mot reviendra aux producteurs américains avec les résultats ce vendredi du sondage sur les intentions d’ensemencements américains. Et comme c’est souvent le cas avec les rapports du USDA, les résultats pourraient encore nous surprendre…

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À mettre à votre agenda, mardi prochain le 4 avril à 9h00 je présenterai une analyse des résultats de ce rapport sur les intentions d’ensemencements américains.

Avec ces nouveaux chiffres sous la main, nous jetterons aussi un coup d’œil sur ce qu’on peut envisager comme bilans d’offre et demande dans les grains pour la prochaine année et bien sûr, la direction que pourraient prendre alors les prix des grains.

Pour en savoir plus sur cette activité et vous inscrire – – -> Les Tendances : Intentions de semis 2023

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.