
*Le temps des semis est fini et il me reste quelques sacs de semences de fourragères, ouverts ou non. Je suis déjà dans les arrosages pour le maïs et j’oublie un peu ces sacs. Seront-ils bons pour le printemps suivant? J’espère bien que oui et le printemps revenu, je décide de les semer. Puis-je m’attendre à obtenir d’aussi bons résultats qu’avec des nouvelles semences apportées par mon semencier?
Et bien la réponse n’est peut-être pas aussi simple que vous l’auriez pensé. Voici quelques trucs afin de bien conserver vos semences et ainsi les faire vivre jusqu’au printemps prochain.
À lire aussi

Remontée du soya à Chicago
La fève a enregistré un premier gain hebdomadaire en quatre semaines à la suite des chiffres dévoilés quant à la prochaine récolte américaine.
Les 3 bonnes conditions d’entreposage
L’objectif d’un entreposage idéal devrait être de créer des conditions pour ralentir le processus de vieillissement des semences. Pour ce faire, le principal critère à respecter est de maintenir une température et une humidité constantes.
Cela signifie donc que les semences devraient être entreposées à un taux d’humidité de 12,5 % et à une température de 15 ºC (59 ºF).
Maintenir un faible taux d’humidité est toutefois plus important que conserver une basse température. La teneur élevée en humidité accélère la respiration de la graine et donc la perte d’énergie, ce qui a pour conséquence de diminuer leur vigueur au champ.
Les problèmes arrivent souvent lorsque de grandes variations de températures sont présentes. Une circulation d’air peut alors s’enclencher et ainsi transporter non seulement de la chaleur, mais également de l’humidité d’une semence à l’autre. Ce phénomène de condensation a lieu puisque la différence de température de la graine chaude et de l’air froid condense l’eau sur la graine dans le sac.
L’obscurité est la troisième règle d’entreposage optimal des semences. La lumière stimule et soutient le processus de germination dans les graines et l’entreposage. Un endroit sombre aide à garder le processus de pré-germination dans la graine à un faible niveau.
Respecter la durée de vie des semences
Chaque espèce a une « durée de vie » qui représente le temps potentiel pendant lequel la semence peut être entreposée. En d’autres mots, certaines espèces se conservent mieux que d’autres. Par exemple, les semences de graminées se conservent mieux que le maïs.
Cette différence dans la durée de vie s’explique généralement en raison de compositions chimiques différentes qui rendent les semences plus ou moins hygroscopiques ou simplement due à une résistance physique au mouvement de l’air à travers la masse de graines. Les petites graines (légumineuses) ont ainsi une compaction plus élevée dans le sac, ce qui par conséquent diminue la circulation de l’air.
Une étude a démontré que le ray-grass annuel a une meilleure capacité d’entreposage que la fétuque de Chewings, même s’ils ont une composition chimique similaire. La même étude a rapporté que seulement 50% des graines de dactyle devraient germer après un à deux ans d’entreposage. Voici un tableau qui résume quelques durées de vie de conservation sous conditions favorables, selon certaines espèces.
Espèces | Moyenne de la durée de vie de conservation (années) |
Luzerne | 2 à 5 |
Orge | 3 à 5 |
Sarrasin | 2 à 5 |
Trèfle incarnat | 5 |
Trèfle blanc | 5 |
Millets | 1 à 2 |
Avoine | 1 à 4 |
Seigle | 1 à 3 |
Sorgho | 1 à 2 |
Herbe de Soudan | 1 à 4 |
Vesce commune | 3 à 5 |
Vesce velue | 5 |
Derniers points à vérifier
Si après avoir lu cette chronique vous pensez être en mesure d’entreposer vos restants de sacs dans les conditions convenables, il reste quand même quelques éléments à vérifier.
-Enlevez de votre espace d’entreposage le sable ou les débris qui pourraient gêner les manœuvres du chariot élévateur au moment du déplacement des palettes et sacs.
-Vérifiez et réparez la toiture ou toute fuite afin d’empêcher que les semences prennent l’eau.
-Prévenez les dommages en assurant une lutte contre les oiseaux et rongeurs.
-Vérifiez la ventilation des lieux et ouvrez les portes pour favoriser une circulation de l’air.
-Remplacez toute ampoule brûlée de l’espace d’entreposage afin de pouvoir lire aisément les étiquettes des semences.
-Vérifiez toujours la date de péremption pour les inoculants (rhizobium) sur les étiquettes.
Cette liste n’est pas exhaustive. Et même après toutes ces précautions, une vérification au champ est toujours de mise. Un bon entreposage dès le départ assure une meilleure vigueur printanière aux semences, mais par la suite, il y a aussi Dame Nature qui peut aider ou non à la germination.
D’ici là, prenez quelques minutes et entreposez vos sacs dans les bonnes conditions!
*Texte réalisé en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.