Démocratiser l’agroforesterie

On a accepté d’être les premiers candidats à recevoir la toute première caravane de l’agroforesterie

Publié: 4 juin 2024

Plante idéale pour nos pollinisateurs devant les fameux saules noirs d’Eloi.

Quand on nous a demandé de participer à la caravane en agroforesterie, on a été surpris! Hein? Attend minute! On a beau planter quelques arbres ici et là, mais on est loin d’être en mode agroforesterie!

J’avais en tête le genre d’images de champs entrecoupés de rangées d’arbres à répétition. Je ne suis pas en mode jugement du procédé, mais dans ma tête, l’agroforesterie se limitait à ça. Disons-le, le mot agroforesterie fait peur un peu. Dépendamment par qui il est prononcé et surtout à quelle image ça correspond dans le cerveau de l’interlocuteur qui nous en parle.

Par contre, le fait de bonifier nos bandes riveraines, d’aménager des haies brise vents disposées de façon stratégiques… Ok ça, ça colle avec nos pratiques. On réaménage nos espaces sur la ferme non pas pour perdre de la terre en culture, mais bien pour que nos terres soient encore plus productives dans le futur en ayant tout autour de meilleures accumulations de neige, une plus grande biodiversité, etc.

À lire aussi

Aussitôt récolté, aussitôt semé! Beau slogan qui exige un chantier de travail bien rodé et quand on arrive à tout faire rouler en même temps en évitant les bris, ça nous prend nos indispensables opérateurs.

Quand il y a plus de sièges disponibles que d’opérateurs

Dans certaines périodes intenses, comme celle-ci, on a l’impression qu’il y a plus de tâches que de ressources humaines. Tout devient une gestion des priorités.

La caravane agroforesterie a justement comme objectif de vulgariser les bienfaits de ces aménagements tout en nous permettant d’agir parfaitement afin d’éviter les problèmes de drainage, de choisir les bonnes espèces qui répondent à nos objectifs de même que les règles de base d’entretien.

On a donc accepté d’être les premiers candidats à recevoir la toute première caravane de l’agroforesterie. J’ai eu une certaine réflexion. À nos débuts, Eloi Lemoine nous expliquait que c’était son père (Jean Baptiste Lemoine) qui avait décidé de laisser pousser ces arbres le long du cours d’eau. On parle ici du cinquième président de l’UCC (Union catholique des cultivateurs).

Le terme bande riveraine n’existait pas à l’époque. Ça illustre le côté innovateur de la ferme. À son tour, Eloi faisait partie des leaders en production végétale à l’époque. Quand il nous a fait l’honneur de nous transmettre le flambeau de ses terres. Les terres que les gens ayant le moindrement le pouce vert passaient devant lentement après chaque messe du dimanche. Eloi y était attaché. Ça lui rappelait différents souvenirs d’enfance.

Ce sont des arbres quand même exigeants en ramassage de branches et en entretien. On les a assez bien entretenus pour garder cette signature que plusieurs citoyens et visiteurs apprécient quand vient le temps de trouver un peu d’ombre et prendre quelques gorgées d’eau sous la musique des branches bercées par le vent.

Un certain obstacle au début et on a appris à les aimer, les apprécier. Et pourquoi pas les entretenir afin de traverser le temps. Aujourd’hui, ce sont NOS saules noirs situés sur le rang Picoudie à Saint-Robert.

Ils donnent une certaine signature territoriale et de savoir-faire, voire d’innovation. On en est fier et on garde un lien de souvenir de plus de quatre générations liées à cet endroit magnifique. Une terre, c’est plus que de simples hectares qu’on peut acheter ou revendre à fort prix. Une terre, c’est l’histoire d’une famille, son histoire et sa propre signature qui se transmet d’une génération à l’autre.

Encore aujourd’hui, même après 35 ans, c’est toujours les terres d’Eloi qu’on a le privilège de cultiver. D’où tous nos efforts pour conserver sa signature d’innovation.

On les retrouve régulièrement à l’arrière-plan de différentes périodes de l’année. Une fois cette étape d’apprentissage accomplie, on a commencé à aimer les arbres et c’est une des raisons pourquoi on en plante encore.

Si ça vous tente, inscrivez-vous à l’évènement! Ça nous fera plaisir de vous accueillir.

Profession agriculteur.

Cliquez ici pour accéder au lien vers l’évènement.

Pour lire d’autres blogues de Paul Caplette, cliquez ici.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.