La grippe aviaire frappe durement les vaches et les fermes laitières américaines lorsqu’une épidémie de la maladie se déclare, affirment les agriculteurs qui l’ont contractée dans leur exploitation.
La mortalité dans les fermes varie considérablement, mais certaines ont enregistré jusqu’à 8 %. Le nombre de cas infectieux varie également, mais peut atteindre environ 20 % des animaux.
Aucun cas n’a encore été détecté dans les troupeaux laitiers canadiens. La propagation du virus a ralenti récemment et l’épidémie est désormais principalement concentrée en Californie, avec 99 cas au cours des 30 derniers jours. Le Montana est le seul autre État à avoir enregistré de nouveaux cas, deux, au cours des 30 derniers jours.
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Brent Wilson, propriétaire de Wilson Centennial Farms à Carson City, dans le Michigan, a expliqué publiquement comment la maladie affecte son troupeau.
La grippe aviaire H5N1 est une maladie à déclaration obligatoire aux États-Unis, mais les troupeaux testés positifs à la maladie ne sont pas rendus publics.
Brent Wilson est le chef de file de l’élevage et collabore depuis des années à des recherches avec l’Université de l’État du Michigan. Il a décidé qu’il valait mieux parler publiquement et travailler avec les chercheurs sur la nouvelle maladie que de rester silencieux. Étant donné que de nombreux troupeaux ne divulguent pas publiquement les infections, peu de recherches sont menées sur la maladie.
Son premier indice que quelque chose n’allait pas dans son troupeau est apparu lorsque le nombre moyen de cellules somatiques du troupeau est passé de moins de 75 000 à 200 000.
« Tout d’un coup, nous avons des vaches malades et nous les bourrons d’électrolytes et d’aspirine », a-t-il expliqué lors de la récente World Dairy Expo à Madison, dans le Wisconsin.
Des étudiants de l’école vétérinaire de l’État du Michigan ont testé ses vaches pendant huit semaines et ont découvert que 22% des 1250 vaches du troupeau étaient infectées.
Ils tentent maintenant de débarrasser le troupeau de l’infection, mais la production de lait a diminué de cinq à sept livres en moyenne (2 à 3 kg) et leur apport combiné habituel de sept livres (3 kg) par jour de matière grasse et de protéines est bien en baisse.
Les vaches tombent malades avec des symptômes grippaux, peuvent cesser de s’alimenter, ont le nez qui coule, développent souvent des mammites et ont des avortements plus fréquents. De plus, les vaches déjà maigres ou fragilisées ont moins de chances de se rétablir.
« J’ai perdu un nombre considérable de vaches en période de lactation maximale. Nous avons connu des avortements, en particulier chez les vaches en fin de lactation », a-t-il dit.
Brent Wilson s’inquiète des performances de ces vaches lors de la prochaine lactation.
C’est une préoccupation partout aux États-Unis et des chercheurs, comme Jason Lombard de l’Université de l’État du Colorado, tentent de répondre à ces questions sur une nouvelle maladie en évolution rapide.
Les vaches immunodéprimées sont plus touchées, a expliqué Jason Lombard lors de la World Dairy Expo. Cela inclut les vaches gestantes, ce qui explique pourquoi les avortements sont plus fréquents chez les vaches atteintes de la grippe aviaire.
Beaucoup à apprendre
Jason Lombard a étudié la manière dont la maladie se transmet et de nombreuses questions restent sans réponse. Les chercheurs ont effectué des prélèvements sur 126 camions de lait dans le Michigan quittant des fermes infectées et n’ont trouvé qu’un seul test positif pour le virus, les camions ne sont donc pas considérés comme un vecteur majeur de la maladie.
Il a averti que les camions pourraient constituer un problème ailleurs.
La possibilité que des oiseaux sauvages aient pu propager la maladie a également été écartée. Certaines volailles des fermes proches de fermes laitières infectées ont été testées positives, mais on pense que l’infection est venue de la ferme laitière vers le poulailler.
La plus grande question qui reste est de savoir si le virus se déplace dans l’air – on parle alors de propagation par aérosol.
« Nous n’avons pas encore pu prouver que la propagation par aérosols est un problème », dit-il, mais les tests montrent que la plupart des animaux d’un troupeau sont exposés même s’ils ne tombent pas malades, ce qui suggère une propagation potentielle par aérosols. Il existe également des troupeaux fermés, qui n’ont pas importé de bétail et ne partagent aucun travailleur, ayant aussi contracté le virus, ce qui suggère également une propagation potentielle par aérosols.
Tester ou pas ?
Certains producteurs laitiers, comme Brian Pacheco, propriétaire de Pacheco Dairy à Fresno, en Californie, ont décidé de tester leurs vaches chaque semaine pour détecter le virus H5N1.
Le premier cas en Californie s’est produit à 16 km de sa ferme. Un groupe de vaches de Californie avait été vendu en Iowa. Pour une raison inconnue, certaines d’entre elles ont été renvoyées en Californie et revendues à trois troupeaux. Les vaches avaient ramené la maladie de l’Iowa.
Brian Pacheco traie environ 1400 vaches et possède un troupeau de 100 vaches de race Suisse brune. Il n’a pas acheté ou ajouté de vaches à sa ferme depuis des années.
Il a cependant identifié d’autres facteurs de risque, notamment le fait que des bovins destinés à la viande quittent le troupeau chaque semaine. Les pneus des camions sont pulvérisés à l’entrée et à la sortie de la ferme et les ouvriers qui arrivent sur la ferme portent des bottes et des gants jetables. Ses ouvriers ne travaillent que sur sa ferme.
« Nous essayons d’être raisonnables et pratiques dans ce que nous devons faire », a-t-il expliqué lors de la World Dairy Expo.
Il dit que dans la ferme laitière d’un ami qui compte 2500 vaches et qui a été touchée par une épidémie, ils abreuvent 400 vaches par jour, ce qui signifie qu’une équipe travaille de 7h du matin à 16h et apporte des sacs d’électrolytes.
Il veut éviter cette situation et a donc décidé de tester son troupeau. Cela suscite quelques inquiétudes, mais il a décidé que cela en valait la peine.
« J’attends chaque semaine avec anxiété les résultats des tests », dit-il. Jusqu’à présent, dans le comté de Fresno, où l’élevage est très important, son troupeau est toujours négatif au H5N1.
La World Dairy Expo a eu lieu
Dans une autre région des États-Unis où l’on trouve beaucoup de vaches, le Wisconsin, se déroulait la World Dairy Expo du 1er au 4 octobre 2024, qui rassemble des milliers de personnes et de vaches du monde entier, aucun cas positif de H5N1 n’a encore été signalé chez les vaches laitières.
Keith Poulsen, professeur associé à l’école de médecine vétérinaire de l’Université du Wisconsin et responsable des soins vétérinaires pour les vaches à la World Dairy Expo, affirme que la valeur de l’exposition en termes de ventes de produits génétiques et de cohésion communautaire, ainsi que le fait qu’il n’y ait pas eu de cas dans le Wisconsin, signifiaient que l’exposition devait avoir lieu.
Les bovins devaient être testés pour le virus H5N1 avant de pouvoir arriver à l’exposition et ils devaient être mis en quarantaine à leur départ, en particulier ceux qui revenaient au Canada.
Article de John Greig publié dans Farmtario, traduit et adapté par Marie-Josée Parent
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