Le revenu net agricole chuterait de 72% en 2024

Publié: 10 décembre 2024

Le revenu net agricole chuterait de 72% en 2024

Le secteur agricole québécois demeure sous une forte pression financière. La preuve, le revenu net devrait chuter de 72% en 2024, par rapport à l’an dernier, pour se situer à seulement 165 M$, indique La Financière agricole. En comparaison, le revenu net se situait à 585 M$ en 2023 et à 829 M$ en 2022.

Une autre indication des difficultés du secteur est représentée par les recettes monétaires agricoles qui reculeraient pour la première fois en six ans cette année. Selon les projections de la Financière, elles se situeraient à 12,81 G$, une diminution de 1,8%, si on les compare aux recettes de 2023 qui étaient de 13,04 G$.

Par ailleurs, les dépenses auraient continué de croître cette année. Elles augmenteraient de 1,5% à 12,65 G$, par rapport à 12,46 G$.

Recettes monétaires totales, dépenses et revenu agricole net de 2010 à 2024 au Québec. Source: La Financière agricole.

La Financière a partagé ces prévisions, tirées de son modèle économétrique, l’Agro-indicateur, qui estime « les revenus, les dépenses et le revenu agricole net, à partir de variables représentatives de l’économie agricole du Québec ».

À lire aussi

Le revenu net agricole chuterait de 72% en 2024

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault

Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.

L’organisme provincial attribue le faible revenu net de 2024 à la hausse des dépenses liées aux taux d’intérêt. Ces derniers ont fortement augmenté entre 2022 et 2023 afin de contrôler l’inflation. « N’eût été la hausse des coûts d’emprunts à la suite des hausses du taux directeur de la Banque du Canada, la situation aurait été différente puisque plusieurs dépenses liées aux intrants en agriculture devraient légèrement diminuer ».

En 2022 et 2023, le secteur agricole du Québec a dû encaisser des hausses de frais d’intérêt de 33 % et 51%, ce qui représente des frais de 1,03 G$ et 1,55 G$ pour ces deux années. La même tendance devrait se voir au bilan de 2024, malgré un début de relâchement de la politique monétaire.

En parallèle, les revenus ont diminué pour les agriculteurs en production végétale avec la baisse des prix des grains depuis deux ans. Les revenus provenant du maïs-grain et du soya ont connu des reculs de respectivement 261,3 M$ et 40,5 M$ au premier semestre de 2024. Depuis 2023-2024, la flambée des prix des céréales et des oléagineux, causée par la guerre en Ukraine, s’est résorbée.

Dans le cas des production animales, La Financière qualifie « d’anémiques », les recettes pour les productions sous gestion de l’offre. La croissance enregistrée en début d’année provient des productions bovines et porcines qui ont crû respectivement de 13,1% et 6,6%. La stabilité des prix est l’élément qui ressort pour le lait, la volaille et les œufs, tandis que le secteur bovin bénéficie depuis 2021 d’une croissance sur le plan des prix. La situation est plus compliquée du côté du porc. Les prix ont augmenté à la suite de la restructuration de la filière et d’une diminution de la production. La baisse des paiements directs aux producteurs par la suite a toutefois mené à un recul de 3% des recettes agricoles en début d’année.

Une reprise prévue en 2025

Le répit pour l’année prochaine viendra de la baisse des charges liées aux taux d’intérêt. La Banque du Canada doit d’ailleurs annoncer une autre baisse de ses taux mercredi le 11 décembre. La tendance pourrait se poursuivre avec une inflation sous contrôle. Les économies canadiennes et québécoise devraient également progresser.

La Financière ne mentionne pas les effets de tarifs douaniers américains sur le PIB mais il est entendu que nos économies seraient affectées si les États-Unis mettaient à exécution leur intention d’implanter des tarifs de 25% sur toutes les importations canadiennes.

La Financière ne s’avance pas sur les recettes pour les productions animales, mais elle cite les prévisions du département américain de l’Agriculture (USDA) pour indiquer qu’il ne faut pas s’attendre à une hausse des prix des grains en 2025.

À lire aussi

Revenu agricole: L’UPA sonne l’alarme

Le revenu agricole net reculerait de 34% en 2023

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.