Une autre année de transition économique

Desjardins anticipe une légère récession au cours du premier semestre au Canada

Publié: 16 janvier 2024

Vue du Port de Montréal.

Avec le début d’année, l’équipe économique de Desjardins a dévoilé ce qu’elle considère comme étant les principaux enjeux pour 2024 et ceux qui pourraient avoir une influence sur l’évolution de l’économie et des marchés financiers.

Pour le Canada, Desjardins anticipe une légère récession au cours du premier semestre, à mesure que l’impact du renouvellement des prêts hypothécaires se fait sentir sur le portefeuille des ménages. Les derniers chiffres sur l’inflation de décembre montrent d’ailleurs que l’habitation contribue à un indice des prix à la consommation plus élevé que les cibles de la Banque centrale du Canada. À ce chapitre, les économistes de Desjardins prévoient une baisse du taux directeur dès le printemps, si l’inflation demeure contrôlée. L’institution se montre d’ailleurs optimiste et prévoit que l’inflation devrait atteindre la cible de 2 % de la Banque du Canada (BdC) d’ici la fin de l’année grâce à une baisse des prix en dehors des secteurs de l’habitation.

Pour le Québec, les indicateurs sont brouillés par les grèves dans le secteur de l’éducation et de la santé qui ont eu lieu en décembre. La province est techniquement en récession, avec deux trimestres consécutifs en baisse du PIB, mais son économie devrait rebondir cette année, surtout à partir de juin. Le Québec affiche toujours l’inflation la plus forte au pays à 4% en décembre, contre 3,6% le mois précédent. Au Canada, l’inflation se trouve à 3,4%, contre 3,1% en novembre. La situation n’est pas unique au Canada puisque les États-Unis ont également enregistré une hausse du coût de la vie en fin d’année.

Inflation au Canada en décembre 2023. Source: Statistique Canada
https://twitter.com/BriereSimon/status/1747254842819740124/photo/1

Incertitudes

Les tensions demeureront importantes avec plusieurs éléments d’incertitudes géopolitiques. La guerre en Ukraine et au Moyen-Orient figurent en tête de liste, mais également le nombre élevé d’élections qui auront lieu dans de nombreuses démocraties, dont l’Inde, le Mexique et les États-Unis. Dans ce dernier cas, l’élection de Donald Trump pourrait faire grimper le niveau d’incertitude, à l’image de ce qui s’est produit lors du mandat tenu entre 2016 et 2020 par le républicain.

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Le rapport souligne d’ailleurs que de nouvelles mesures protectionnistes pourraient peser sur l’activité économique mondiale si une montée des tensions se faisait sentir entre la Chine et les États-Unis. Des doutes sont soulevés envers l’économie chinoise aux prises avec un endettement élevé et un taux de chômage important parmi les jeunes. « Même si les autorités chinoises devraient accroître leur soutien en 2024, il est difficile de prévoir si les mesures de relance seront capables de stimuler la croissance tout en s’attaquant aux problèmes de fond », peut-on lire dans le rapport.

Les économistes de Desjardins indiquent que « les risques d’escalade des conflits actuels pourraient (…) générer de la volatilité pour les engrais et les grains » en ajoutant que pour les céréales, « l’offre et la demande s’annoncent plus équilibrées qu’en 2023, favorisant une stabilisation des prix ».   

Et comme dans le Global Risks Report 2024 du Forum économique mondial, les analystes considèrent que « le réchauffement climatique continuera de causer des perturbations », surtout que 2024 pourrait surpasser le record de chaleur enregistré en 2023. « Ainsi, la destruction ou la détérioration des actifs physiques par des événements climatiques représente un risque économique considérable », indique Desjardins.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.