Allez-vous manquer de fourrage?

Allez-vous manquer de fourrage?

*Bien que la saison 2025 ne soit pas encore terminée, on peut déjà constater que les excès d’eau au printemps suivis d’un manque de précipitations en été ont eu un impact significatif sur de nombreux champs. La variabilité est marquée à travers toute la province et l’inquiétude grandit particulièrement pour les champs de maïs destiné à l’ensilage, où, dans certains cas, les plants atteignent à peine trois pieds de hauteur.

En général, les prairies s’en sortent plutôt bien. La luzerne, les trèfles et les graminées bien fertilisés ont donné de bons rendements jusqu’à maintenant. Cela dit, certaines implantations ont été malmenées par les caprices de Dame Nature, et dans certains cas, les luzernières plus âgées ont produit moins que prévu. Voici des points clés à considérer pour un apport en fourrage suffisant.

1. L’état de la situation

  • Évaluez l’inventaire actuel de fourrages : certains ont des réserves plus importantes que d’autres!
  • Estimez les besoins en fourrages pour la prochaine année : utilisez vos rations ou des moyennes, et n’hésitez pas à demander l’aide de votre conseiller en alimentation. N’oubliez pas de prévoir une marge de sécurité.
  • Marchez vos champs : en ayant en main vos stocks actuels, vos besoins pour la prochaine année, et les rendements attendus selon l’état de vos champs, vous aurez une bonne idée de si vous allez manquer de fourrages ou non.

2. Ensilage d’herbe

  • Surveillez les insectes : la cicadelle de la pomme de terre et les pucerons sont de plus en plus présents dans les luzernières. Un dépistage régulier est essentiel.
  • Fertilisez adéquatement : assurez-vous que les besoins nutritifs des prairies sont comblés pour maintenir le rendement et la qualité.
  • Choisissez le bon moment pour la fauche : trouvez le stade optimal pour maximiser à la fois le rendement et la qualité selon les besoins du troupeau. L’outil Nutri-fourrager peut vous aider.
  • Au besoin, envisagez de récolter la coupe d’automne : n’oubliez pas de suivre les recommandations pour diminuer les impacts sur la survie de la luzerne. À noter que cette pratique nuit au rendement de la prairie à long terme, donc à n’utiliser qu’en dernier recours.

3. Ensilage de maïs

  • Priorisez le maïs existant : même court, le maïs-ensilage offre généralement un meilleur rendement qu’un fourrage d’urgence semé après la mi-août.
  • Surveillez l’humidité : les champs affectés par la sécheresse prolongée pourraient devoir être ensilés plus tôt que prévu.
  • Considérez l’achat de maïs au champ : évaluez la possibilité d’acheter des champs de maïs dans la région pour les convertir en ensilage.
  • Ajoutez du grain si nécessaire : si le maïs ensilage à récolter contient peu d’amidon, l’ajout de grain peut améliorer la valeur énergétique de l’ensilage.
  • Ajustez la hauteur de coupe : une coupe plus haute augmente la teneur en amidon, mais réduit le volume récolté. Adaptez la stratégie selon vos besoins d’alimentation.
  • Optimisez la ration : discutez avec votre conseiller en alimentation des stratégies pour augmenter la valeur énergétique de la ration au besoin. Certains aliments commerciaux pourraient aussi remplacer une partie des fourrages.

4. Fourrage d’urgence

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La récolte de céréales ouvre la porte à l’implantation de cultures de couverture pouvant être récoltées en fourrage. Si le rendement est habituellement plutôt faible, cette stratégie est plus efficace avec un semis hâtif, un sol bien humide au moment du semis et dans les régions où la saison de croissance est plus longue. Le choix des espèces dépendra de la date de semis et des besoins spécifiques en fourrage.

L’ajout du seigle d’automne destiné à l’ensilage à la rotation est une solution efficace pour une récolte de fourrage tôt au printemps prochain. Cela pourrait permettre de faire le pont vers la prochaine saison de production. Récolté au stade du gonflement, le seigle d’automne offre une valeur nutritive intéressante. Comme toujours, un semis hâtif réalisé dans de bonnes conditions est essentiel pour maximiser le rendement au printemps.

Les conditions de la saison actuelle exigent une grande flexibilité et une prise de décision rapide. Que ce soit pour maximiser le rendement des prairies, ajuster la gestion du maïs-ensilage ou envisager des options de fourrage d’urgence, n’hésitez pas à discuter avec votre conseiller pour adapter les stratégies à votre réalité et optimiser les résultats pour votre troupeau.

*Texte réalisé par Lyne Beaumont et Jean-Philippe Laroche en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois des auteurs et n’engagent pas le CQPF.

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