Les ingrédients pour animaux de l’avenir

Publié: 28 octobre 2014

Que diriez-vous de nourrir vos porcs ou vos oiseaux avec une purée de larves d’insectes ? Farfelu ? Pas tant que ça puisque des chercheurs se penchent sur la question.

Plusieurs options d’alimentation ont été présentées, en juin dernier, lors de la journée Intégrer des ingrédients novateurs en alimentation porcine et avicole, organisée conjointement par le Centre québécois de valorisation des biotechnologies (CQVB) et le Centre de développement du porc du Québec (CDPQ). Voici quelques exemples d’ingrédients prometteurs.

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Larves d’insectes

De tous les ingrédients novateurs, l’utilisation de larves d’insectes a de quoi surprendre. Pourtant, c’est un aliment dont les animaux et les poissons se régalent lorsqu’ils vivent dans la nature. Un projet européen appelé PROteINSECT évalue l’utilisation de cette source de protéines, de minéraux et de vitamines en alimentation animale industrialisée. Un tourteau de larves de mouches domestiques contient entre 37,5 % et 63,1 % de protéines.

Des chercheurs collaborateurs travaillent à ce projet en Europe, en Afrique et en Asie. La Chine en particulier utilise déjà cet aliment dans la diète des poules, comme nous pouvons le constater dans une vidéo disponible sur le site Internet de PROteINSECT.

Le projet de recherche européen se donne trois ans (2013 à 2016) pour évaluer la faisabilité de la production de larves d’insectes à grande échelle. La nutrition de nos animaux d’élevage avec des larves de mouche n’est donc pas pour demain.

Sous-produits de biocarburant

C’est le cas notamment de la biomasse de microalgues dégraissées, un sous-produit de la fabrication de biocarburant. Le professeur Xin Gen Lei de l’Université Cornell dans l’État de New York a démontré que cet ingrédient peut être une excellente source de protéines, d’hydrates de carbone et de lipides lorsqu’incorporé dans la moulée des poules, des poulets ou des porcs.

La biomasse de microalgues dégraissées peut remplacer une partie du tourteau de soya et du maïs. Si l’utilisation potentielle du produit a été démontrée, il faudra plus de recherche pour justifier la faisabilité sur des fermes commerciales.

Déchets de table

Au Pays-Bas, une équipe de recherche s’intéresse à la valorisation des déchets de table en alimentation animale. Intéressant lorsque l’on sait qu’entre un quart et un tiers des aliments produits à travers le monde sont gaspillés chaque année, nous révèlait la Banque mondiale l’hiver dernier.

Contraintes

« Il y a plusieurs contraintes pour l’introduction de nouveaux ingrédients », explique l’agronome Leatitia Cloutier, responsable de l’alimentation au CDPQ. Par exemple, le pois et la lentille ont d’excellentes valeurs nutritionnelles, mais leur disponibilité est plus difficile au Québec. « Ici, le pois serait un ingrédient nouveau, mais pas dans l’Ouest qui l’utilise depuis longtemps », explique Leatitia Cloutier. Les limites peuvent aussi provenir des contraintes physiques des meuneries ou encore de la difficulté de régularité de l’approvisionnement en ce qui a trait au volume et à la qualité.

Le Bulletin des agriculteurs d’octobre présente un article complet sur la question. On y élabore aussi des stratégies d’alimentation prometteuses.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.