Les mycotoxines font des ravages dans les élevages. Chez les vaches laitières, une trop grande exposition entraîne de graves répercussions sur l’alimentation et la gestation. Chez la volaille et le porc, les effets peuvent être mortels. De très nombreuses mycotoxines peuvent affecter le bétail, mais les problèmes principaux proviennent du fusarium de l’épi causé par Gibberella dans le maïs et de déoxynivalénol, aussi appelée DON.
Le Dr Gustavo M. Scheumemann du Département de médecine vétérinaire de l’Université de l’État de l’Ohio (OSU) a récemment offert un webinaire dans lequel il a approfondi le sujet des moisissures et des mycotoxines et leurs effets sur les bovins laitiers. Les bovins laitiers dépendent des aliments entreposés. Or, les céréales, l’ensilage et le foin peuvent être des sources de mycotoxines.
Problème fréquent
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Il y a plus de 400 mycotoxines identifiées à l’échelle mondiale, mais les moisissures et mycotoxines les plus courantes chez les bovins laitiers peuvent se décliner en deux catégories : fusarium d’un côté et aspergillus de l’autre. Fusarium comprend la fumonisine (FUM) et produit la toxine T-2, la toxine HT-2 (non détectée dans les échantillons en Ontario), le nivalénol (NIV), la zéaralénone (ZEA) et le DON, entre autres. Dans la sous-classe Claviceps se trouvent les alcaloïdes de l’ergot et l’aspergillus, qui produisent de l’aflatoxine et de l’ochratoxine A.
Dans ses recherches, Gustavo M. Scheumemann a découvert qu’environ 97 % des échantillons étaient positifs pour le DON. C’est comparable aux données à l’international. Dans une étude à grande échelle, dont les données d’analyses provenaient de 100 pays sur tous les continents, 88% de tous les échantillons d’ingrédients et d’aliments pour les animaux étaient contaminés par au moins une mycotoxine (Gruber-Dorninger et coll, 2019).
Pas un problème unique
Pour complexifier le tout, Gustavo M. Scheumemann ajoute que les rations totales mélangées (RTM ou TMR en anglais) peuvent être contaminées par plusieurs mycotoxines en même temps. Dans ses recherches, 57 à 87 % des échantillons contenaient deux mycotoxines ou plus. La répartition de son échantillonnage était DON et ZEA dans 39 % des échantillons, DON et FUM dans 49 % et ZEA et FUM dans 37 % des échantillons.
En Amérique du Nord, le DON se classe au premier rang avec 64 % des échantillons testés positifs. Avec NIV et T-2, il affecte la synthèse des protéines chez les vaches laitières. La fumonisine (48 %) entrave la production d’enzymes, la ZEA est troisième avec 28,9 % et stimule la production d’œstrogène et l’aflatoxine a été détectée dans 11 % des échantillons continentaux. Historiquement, l’aflatoxine n’a pas été détectée à des niveaux significatifs en Ontario.
Effet sur le taux de fermentation des plantes
Dans des recherches plus détaillées, Gustavo M. Scheumemann a expliqué que la présence de niveaux élevés de mycotoxines dans les aliments – qu’il s’agisse d’ensilage de maïs ou d’aliments concentrés avec des moisissures visibles – provoque une croissance fongique accrue et une fermentation accrue des protéines végétales. Cela peut déclencher la surproduction de bactéries indésirables telles que C. difficile, Listeria monocytogenes et E. coli, qui exposent toutes les animaux à un risque plus élevé d’hémorragie intestinale.
Effets sur la gestation
Un autre axe de recherche de Gustavo M. Scheumemann était l’effet des mycotoxines sur la gestation. Dans ses études, la période de gestation normale des vaches laitières est de 276 jours (plus ou moins six jours). Cependant, des périodes de gestation plus courtes – 255 à 269 jours – peuvent entraîner une augmentation de mortalité à la naissance, de métrite et de rétention placentaire, de morbidité et une augmentation de la réforme. Une naissance difficile entraîne une diminution de la production de lait. L’objectif, selon lui, est de limiter les courtes périodes de gestation à moins de 12%; Les gestations courtes de 20 à 30 % des vaches avec une RTM contaminée par des mycotoxines ont vu plus de gestations gémellaires, une perte d’état de chair avant le vêlage et un mauvais confort des vaches.
Article de Farmtario, traduit et adapté par Marie-Josée Parent
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