Les fourrages pour améliorer la rentabilité des fermes laitières

Plus les fourrages sont riches, plus il reste de l’argent dans les poches du producteur

Publié: 26 janvier 2024

vaches

Les entreprises laitières peuvent améliorer leur rentabilité en portant une plus grande attention à la production de leurs fourrages. Pour cela, les producteurs doivent miser sur le rendement et la qualité.

« On a la chance au Québec, en production laitière, de produire un aliment pas très cher qui a une valeur beaucoup plus grande que ce qu’on paye pour le produire, dit Jean-Philippe Laroche de Lactanet. Et tout producteur, dans son entreprise, devrait chercher à maximiser l’écart entre ce que ça lui coûte de produire ce fourrage-là et la valeur intrinsèque de ce fourrage-là. »

Jean-Philippe Laroche, expert en production laitière – nutrition et fourrages chez Lactanet, tenait ces propos lors d’un webinaire dans le cadre de la formation «Durable et rentable, de la prairie à l’étable». Il était accompagné de Marie-Noëlle Thivierge, chercheuse en plantes fourragères chez Agriculture et Agroalimentaire Canada. Le webinaire était divisé en deux parties : la première parlait justement de l’aspect économique des fourrages.

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Selon Jean-Philippe Laroche, il y a deux façons de maximiser l’écart entre le coût de production et la valeur des fourrages : diminuer le coût de production en augmentant les rendements et améliorer la valeur nutritive en augmentant la qualité.

Les charges fixes sont le premier poste de dépenses du coût de production. Elles représentent 1233$/ hectare pour la production d’ensilage d’herbe ou de foin, valeur de l’année 2022. Les opérations culturales arrivent en 2e avec 509$ et les approvisionnements en 3e avec 323$. En augmentant le rendement, il est possible de réduire le coût de production par tonne produite. Mais bien sûr, il ne s’agit pas du seul élément qui influence le coût de production, la charge de machinerie a aussi un impact important.

La qualité se mesure en fonction de l’ADF des fourrages. Jean-Philippe Laroche explique qu’il est recommandé de viser un ADF de 30%. À cette valeur, la protéine brute est à 19,4% et les UNT (unités nutritives totales) sont de 63,8%. Les UNT sont utilisées pour calculer les valeurs d’énergie des fourrages. Plus les fourrages sont matures, plus l’ADF augmente et plus les valeurs de protéine brutes et les UNT diminuent.

Jean-Philippe Laroche a utilisé le prix du maïs-grain pour 2022 (363$/tonne) et du tourteau de soya (684$/tonne) pour fixer le prix des fourrages. Ainsi, un fourrage à 30% d’ADF vaut 426$ la tonne de matière sèche, alors qu’un fourrage à 39% d’ADF en vaut seulement 377$. Ce n’est évidemment pas ce qui est payé à la ferme. Selon Jean-Philippe Laroche, le plus intéressant est de jumeler ces valeurs avec le coût de production des fourrages qui était de 295$ la tonne métrique en 2022, peu importe la qualité des fourrages. Ainsi, plus les fourrages sont riches, plus il reste de l’argent dans les poches du producteur.

Toutefois, les fourrages plus faibles en ADF ont un autre effet, ils sont aussi plus appelants. Ils sont plus digestibles et plus sucrés. C’est-à-dire que la vache en mange plus. En comparant un fourrage à 30% d’ADF et un autre à 33% d’ADF, la vache consomme 1,1 kg de plus de ce fourrage à 30% d’ADF. Cette donnée et le fait que le fourrage à 30% d’ADF est plus riche en énergie et en protéine font en sorte que la vache aura besoin de 1386 grammes de maïs moulu en moins par jour et 797 grammes de tourteau de soya en moins par jour.

« Quand on parle d’augmenter la quantité de fourrages dans les rations, l’impact qu’on peut avoir à la ferme peut être gigantesque et bien entendu, pour cela, il faut des fourrages de qualité et il faut les valoriser ces fourrages-là dans les rations », dit Jean-Philippe Laroche.

Il est possible de visionner le webinaire en ligne qui contient beaucoup plus d’information que ce court aperçu. Une autre formation sur le même thème est offerte en présentiel depuis peu et durant les prochaines semaines. Pour le webinaire ou pour vous inscrire à la formation en présentiel, vous n’avez qu’à suivre ce lien.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.