Combien de maïs-ensilage dans la ration des vaches laitières?

La production de maïs-ensilage augmente chaque année alors que le cheptel laitier décroît

Publié: 22 avril 2025

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Quelle est la bonne proportion de maïs ensilage à incorporer dans la ration?

Le maïs-ensilage est de plus en plus populaire pour l’alimentation des vaches laitières. Il y a davantage de fermes qui en utilisent et elles en mettent de plus en plus dans la ration. Mais jusqu’où peut-on aller?

C’est la question à laquelle l’agronome Jean-Philippe Laroche, expert en production laitière – nutrition et fourrages chez Lactanet, a voulu répondre lors d’une conférence offerte lors du webinaire en grandes cultures du MAPAQ le 21 mars dernier.

« L’utilisation d’ensilage de maïs a doublé depuis 2010, tant au niveau du pourcentage des fourrages dans la ration [selon les données de Lactanet] qu’au niveau des superficies [selon les données Agritel] », explique Jean-Philippe Laroche.

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Cet engouement est-il une bonne chose? Dans son plan stratégique, le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF) dit vouloir accroître les superficies en plantes fourragères pérennes au Québec. Est-ce que d’avoir beaucoup de maïs-ensilage peut être nuisible à la rentabilité des fermes? Jean-Philippe Laroche explique que c’est un sujet sensible auquel plusieurs ont tenté de répondre, mais souvent de manière incomplète.

Des avantages

Selon Jean-Philippe Laroche, les plantes fourragères pérennes et le maïs-ensilage ont toutes les deux leur place sur les fermes laitières, autant au niveau de l’alimentation que des cultures.

Les plantes fourragères pérennes peuvent procurer des protéines dégradables à bas prix en plus d’offrir des fibres efficaces. Aux champs, ces plantes pérennes améliorent de façon incroyable la santé des sols. Elles offrent aussi des économies d’azote pour la culture suivante.

De son côté, le maïs-ensilage offre une énergie fermentescible à bas prix dans la ration. C’est aussi un aliment qui apporte une stabilité à la ration. Au niveau des champs, c’est une culture simple au niveau de la récolte et qui offre un rendement élevé.

Sur ce dernier point, Jean-Philippe Laroche souligne qu’il est possible d’augmenter le rendement de la récolte de plantes fourragères pérennes entre 7 et 12 tonnes de matière sèche à l’hectare.

Nutrition

Au niveau nutritionnel, Jean-Philippe Laroche explique que les données divergent d’une étude à l’autre. Toutefois, il « semble plus facile d’optimiser la performance des vaches si l’ensilage de maïs représente 0 à 75% des fourrages ». Les données au niveau des marges alimentaires concordent avec ces proportions.

Au niveau de la ferme, Jean-Philippe Laroche a présenté des chiffres qui démontrent que passé 65% de maïs-ensilage des fourrages dans la ration, les gains économiques sont marginaux. Donc, lorsqu’on en a peu, l’ajout aura un plus grand impact que si on en a déjà beaucoup dans la ration.

Cultures

Les mycotoxines est un inconvénient à considérer avec l’ajout de maïs-ensilage, car il en contient davantage. Même si la résistance de l’hybride est la stratégie la plus efficace pour les prévenir, la rotation des cultures a un rôle majeur à jouer. « La rotation est un outil indispensable », dit Jean-Philippe Laroche. Ça permet de couper le cycle de prolifération des mycotoxines.

Les plantes fourragères pérennes ont aussi un rôle majeur en santé des sols. Des études ont démontré de meilleurs rendements de maïs sur un retour de prairie, même avec ajout d’engrais azoté.

Une rotation idéale comporte au moins trois cultures, selon les explications de l’agronome. Une proportion idéale de prairies est entre 40 et 60% pour avoir l’optimum de santé des sols.

Jean-Philippe Laroche ajoute que d’autres facteurs peuvent influencer la rentabilité des entreprises. « De manière générale, il semble y avoir un avantage économique à l’inclusion de maïs, mais au-delà d’un certain seuil, ce n’est pas clair », conclut l’agonome.

Jean-Philippe Laroche ajoute que « l’important est d’analyser le ratio optimal pour son entreprise en faisant des scénarios de rations, basé sur le coût réel de production des fourrages ». À cela, il ne faut pas oublier les impacts qui ne sont pas pris en compte par ces scénarios, comme les mycotoxines, la santé des sols et les performances des animaux.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.