Au Québec et en Ontario, plusieurs producteurs atteignent ou s’approchent des 4,5 Tm/ha dans leurs champs de soya. Depuis 2004, l’expert en soya du ministère de l’Agriculture de l’Ontario, Horst Bohner, a essayé en vain de stimuler les rendements par des apports d’azote minéral. Il semble qu’on doive se tourner vers d’autres pistes.
« En ce qui a trait à l’azote, non seulement il n’y a pas d’augmentation du rendement économique, il n’y a même pas d’impact sur les rendements agronomiques. C’est ridicule à quel point le soya refuse de répondre à la fertilisation azotée », affirme Horst Bohner dans un article du magazine Country Guide.
À lire aussi

Inondation dans les champs: quoi faire selon les cultures
La pluie a causé des siennes dans plusieurs régions mais avant de s’inquiéter, le RAP rappelle quelques informations et conseils sur ce type de situation.
Dans tous ses essais, de 2004 à 2013, Horst Bohner n’a observé une réponse à la fertilisation azotée que dans les rares cas où les niveaux d’azote dans le sol étaient très bas, ou lorsque les plants avaient subi des dommages aux racines.
Même les essais avec de l’azote à libération contrôlée n’ont pas eu d’effet positif sur les rendements.
« Le plant de soya utilisera l’azote qui lui coûte le moins cher en terme d’efforts, explique Horst Bohner. Fixer l’azote de l’air lui coûte plutôt cher, parce qu’il doit nourrir les bactéries et les nodules. Donc lorsqu’il y a de l’azote “gratuit” dans le sol, il ne se donne pas la peine d’en fixer lui-même. »
Pourquoi donc s’obstiner à chercher des moyens d’apporter de l’azote aux plants de soya? D’une part, la recherche démontre que de 40 à 70 % de l’azote utilisé par les plants de soya provient du sol. D’autre part, on sait que pour obtenir des rendements plus élevés, les plants ont besoin d’azote jusque tard en saison, alors que leurs racines sont épuisées.
Eric Richter, représentant agronomique chez Syngenta, partage les conclusions de Horst Bohner en lien avec la fertilisation azotée. Les plus importants gains de rendement qu’il a observé dans le soya ont été avec l’ajout d’inoculant, ainsi que des apports judicieux de phosphore et de calcium.
La clé des rendements supérieurs, selon Eric Richter, est dans la vigueur d’un système racinaire qui contribuera au remplissage des gousses jusqu’à la fin de la saison. « C’est en fin de saison que les plus importants prélèvements d’azote, de phosphore et de potassium ont lieu », dit-il.
Les producteurs qui utilisent du fumier de volaille ont généralement de meilleurs rendements de soya, observe Eric Richter. « Il y a quelque chose dans le fumier de volaille qui s’aligne vraiment avec les patterns de prélèvement du soya », croit-il.
Tout ce qui peut être fait pour améliorer la santé des sols se reflètera positivement sur les rendements de soya, affirme Horst Bohner.
Pour sa part, Eric Richter est un partisan de l’approche selon laquelle en améliorant la fertilité dans les sols en santé, il deviendra possible de réduire les populations aux semis et d’augmenter les rendements. Les taux variables offriront alors de belles possibilités dans le soya.
Source : Country Guide, mars 2014