Coup de sonde du fédéral pour réduire les émissions des engrais

Publié: 22 mars 2022

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Coup de sonde du fédéral pour réduire les émissions des engrais

Le gouvernement fédéral invite les Canadiens à « partager vos expériences et vos idées » sur son plan visant à réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’utilisation d’engrais.

Le sondage d’Agriculture et Agroalimentaire Canada se distingue d’un sondage typique puisqu’il incite les participants à examiner d’abord des documents d’information sur trois « questions de discussion », puis à formuler des commentaires dans leurs propres mots. Le trio de questions découle d’une consultation antérieure avec les acteurs de l’industrie et reflète les préoccupations soulevées au sujet du projet du gouvernement fédéral de réduire les émissions provenant de l’utilisation d’engrais de 30 % par rapport aux niveaux de 2020, d’ici la fin de cette décennie.

La première question porte sur la manière d’atteindre cet objectif et si cela peut être fait sans nuire aux rendements et à la compétitivité des agriculteurs. Le document d’information sur cette question indique qu’«il existe une voie réalisable, mais ambitieuse, pour améliorer l’efficacité de l’utilisation des engrais tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre ». Il reconnaît également que « les pratiques actuelles en matière d’engrais ont fonctionné pour les agriculteurs en termes de rendement et de retour sur investissement (et) le changement des pratiques pour réduire les impacts environnementaux peut être considéré comme risqué au niveau de l’exploitation à court terme ».

Cette section demande des commentaires sur la nature des obstacles et comment ils peuvent être surmontés (par exemple, ce qui peut être fait pour augmenter l’utilisation d’engrais à efficacité améliorée et les nouveaux programmes qui pourraient être nécessaires pour encourager les « pratiques de réduction des émissions »).

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La deuxième section examine le défi de mesurer les niveaux d’oxyde nitreux, en particulier au niveau de la ferme, et comment cela pourrait être accompli.

La troisième – intitulé « Possibilités d’innovation et de changement »– demande d’amener des idées sur la manière dont le gouvernement pourrait favoriser de nouvelles technologies de réduction des émissions.

L’enquête se termine en demandant si les participants ont d’autres idées ou commentaires.

La page web du sondage contient également un lien vers un document de travail publié par Agriculture Canada le mois dernier qui approfondit beaucoup les détails.

On peut lire par exemple qu’en 2019, l’agriculture a produit environ 73 millions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre, soit 10 % du total du Canada. Trois sources représentent l’essentiel de ce total : l’utilisation de carburant à la ferme avec 14 millions de tonnes, ainsi que 24 millions de tonnes provenant à la fois de la fermentation entérique (c’est-à-dire des rots de vache) et de la production agricole. Et un peu plus de la moitié du chiffre de la production agricole (12,75 millions de tonnes) provient des émissions d’engrais, selon le document gouvernemental. (Ce chiffre n’inclut pas les émissions provenant de la fabrication d’engrais, mais uniquement l’utilisation à la ferme.)

Le document de travail indique clairement qu’Ottawa n’ordonnera pas aux agriculteurs d’utiliser moins d’engrais.

« L’objectif de la cible nationale pour les engrais est de réduire les émissions, et que la principale méthode pour y parvenir n’est pas d’établir une réduction obligatoire de l’utilisation d’engrais qui n’est pas liée à une amélioration de l’efficacité et du maintien ou de l’amélioration des rendements », indique le document.

Il ajoute que la réduction de 30 % est réalisable : « Dans une large mesure, les technologies et pratiques requises existent déjà ».

Le document fournit également une bonne quantité de données, notamment des chiffres sur l’utilisation d’engrais au Canada (2,2 millions de tonnes en 2019, contre 1,4 million de tonnes en 2005), les émissions associées (12,8 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2019, contre 8,3 millions en 2005) et changements dans les cultures au cours de cette période de 14 ans (acres de canola en hausse de 239 % aux dépens des céréales et du foin).

Il existe également des statistiques sur les émissions par hectare au Canada. Cependant, tout retour en arrière est tempéré par les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture qui indiquent que les émissions des cultures céréalières (à l’exclusion du riz) sont les plus élevées au Canada par rapport aux autres grands producteurs de céréales du monde.

Le document de discussion examine également les 4B et d’autres méthodes de réduction des émissions. Beaucoup d’entre elles sont détaillées dans un tableau qui répertorie «l’applicabilité régionale», l’adoption actuelle et le nombre de tonnes d’émissions qui pourraient être réduites s’il y avait une adoption à 100%. (Cependant, ces données sont accompagnées de la mise en garde que les estimations sont basées sur des recherches sur de petites parcelles.)

Un lien vers le document de travail se trouve sur la page d’introduction du sondage (qui se déroule jusqu’au 3 juin) sur le site web du gouvernement du Canada.

Source: Alberta Farmer, Glenn Cheater (traduit de l’anglais)

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.