Cette élection fédérale ne ressemble à aucune autre des élections s’étant déroulée de mémoire récente. Les enjeux locaux, régionaux et nationaux ont été teintés par les actions de notre voisin du Sud, à la suite de l’accès à la présidence de Donald Trump en janvier dernier.
Depuis, l’intégrité du territoire, le commerce et le spectre d’une récession sont devenus centraux dans toutes les conversations.
Le Bulletin des agriculteurs a demandé l’avis des lecteurs* sur les enjeux majeurs de cette élection, le problème le plus pressant auquel fait face l’agriculture d’ici et la question qu’ils aimeraient poser à l’un des leaders politiques.
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C’est bientôt la Tournée des grandes cultures
La Tournée des grandes cultures, dont le but est d’évaluer le potentiel de rendement du maïs et du soya, aura lieu cette année le 19 août dans plusieurs régions du Québec.
Ce qu’on retient, à la lecture des commentaires, c’est que l’inquiétude est grande en général sur l’avenir de l’agriculture et particulièrement sur l’avenir de la gestion de l’offre. On attend des gestes concrets de la part du parti qui prendra le pouvoir, afin de démontrer l’importance qu’on accorde au secteur.
Johanne, de Chaudière-Appalaches, résume bien le sentiment ambiant avec cette question : Quand allez-vous reconnaître et promouvoir toute l’importance de l’agriculture pour nourrir notre population et que comptez-vous faire concrètement pour la protéger réellement?
La gestion de l’offre revient régulièrement à la fois dans les enjeux et les problèmes pressants à régler en agriculture. Le fait que le système n’ait pas pu être protégé par une loi au fédéral en raison de la dissolution du gouvernement et du blocage au sénat suscite beaucoup d’interrogations sur son intégrité dans le futur, ainsi que les impacts d’une autre brèche du marché canadien.
L’actuelle administration à la Maison-Blanche n’a pas caché son empressement à augmenter l’accès aux produits américains au Canada. Malgré l’assurance de chacun des partis qu’ils maintiendront la gestion de l’offre, l’inquiétude persiste, comme l’indique la question de André, de Chaudières-Appalaches, qui attaque de front le sujet : « Êtes vous prêt à garantir que vous protégerez la gestion de l’offre? ».
Inflation et hausse des taux d’intérêt
L’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont fait mal au secteur agricole, des préoccupations à laquelle se joint la hausse des prix des terres. Il s’agit d’un problème pour tous, mais encore plus pour la relève. Sébastien, de Bellechasse, aimerait que le sujet soit traité en priorité. Il souligne que « l’inflation des machines agricoles, le prix des terres ainsi que la hausse du coût de la main-d’œuvre et la disponibilité de celle-ci font en sorte que la marge de bénéfice fond à vue d’œil et deviendra inexistante. Prendre la relève d’une entreprise agricole deviendra bientôt impossible ».
Geneviève, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, s’exprime aussi les difficultés financières actuelles pour le secteur agricole. « C’est difficile de suivre une croissance et dégager des bénéfices à la fin de l’année. On veut vivre de l’agriculture, mais c’est de plus en plus difficile. »
Commerce
Toutes les facettes du commerce, qu’il soit interprovincial, entre le Canada et les États-Unis ou à l’international, revient régulièrement dans les commentaires. Les lecteurs expriment le souhait de voir les barrières entre les provinces être levées, ainsi qu’un accès plus grand aux marchés internationaux. L’impact des tarifs est aussi évoqué. Pour Jocelyne, de l’Estrie, l’approvisionnement d’intrants de production à prix concurrentiel est un des enjeux principaux de cette élection. Elle se demande comment la production sera affectée par des coûts plus élevés pour des fertilisants, des tracteurs et l’équipement agricoles qui proviennent majoritairement des États-Unis ou de l’Europe.
Pour mener à bien les travaux et les opérations sur les fermes, la main-d’œuvre est essentielle, tout comme dans bien des secteurs, les travailleurs étrangers temporaires (TET). Plusieurs ont invité le prochain gouvernement à soutenir ou à édicter des règles facilitant le recours aux TET.
Enfin, bien qu’un changement sur la loi sur le gain en capital ait été écarté par les partis libéraux et conservateurs, les participants au questionnaire ont été nombreux à soulever le sujet.
Vous voulez vous prononcer aussi sur les enjeux. Cliquez ici pour répondre à notre sondage.
*Seuls les prénoms et régions des participants au questionnaire ont été sollicités.
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