Le nouveau ministre fédéral de l’Agriculture, Heath MacDonald, souhaite mobiliser les agriculteurs de partout au pays autour des enjeux qui comptent le plus pour eux.
Assermenté le 13 mai à Rideau Hall lors du premier remaniement ministériel de Mark Carney depuis les élections, M. MacDonald admet que sa nomination a été une surprise, même pour lui.
« Dans ce métier, on ne sait jamais où l’on va atterrir, confie-t-il. On sortait tout juste d’une élection, on commençait à souffler un peu, et soudain, M. Carney m’appelle… et me voilà. D’abord, c’est l’excitation, bien sûr. Puis vient la nervosité : on réalise rapidement l’ampleur du défi. »
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Issu d’une région agricole
Originaire de la circonscription de Malpeque, à l’Île-du-Prince-Édouard, M. MacDonald souligne son ancrage rural : « Pour quelqu’un comme moi, issu d’un coin agricole du pays, l’agriculture fait partie de mon quotidien. Il n’est donc pas étonnant que je sois aujourd’hui plongé dans ces dossiers. »
Son objectif est clair : établir un dialogue direct avec les agriculteurs et les ministres provinciaux pour bâtir la confiance et bien saisir les réalités régionales. « Je pourrais rester assis à Ottawa à lire des rapports, mais, franchement, le temps presse. Je veux aller sur le terrain, rencontrer les producteurs, parler avec les ministres. Je veux qu’ils sachent qui je suis, ce que je représente, et comment je peux les aider. »
Ancien membre du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire à la Chambre des communes, il affirme avoir déjà tissé des liens solides avec plusieurs grandes organisations agricoles, comme la Fédération canadienne de l’agriculture, l’Association canadienne des bovins et le Conseil canadien des grains.
« Les contacts sont là, les poignées de main aussi. Maintenant, il faut se retrousser les manches et s’attaquer aux enjeux majeurs. »
Il souhaite mettre ces relations à profit pour faciliter un dialogue régulier entre les régions, y compris à travers des rencontres en personne : « Il faut comprendre leurs besoins, et leur montrer que je suis accessible. »
Compétence financière
Avant son élection à Ottawa en 2021, M. MacDonald a été ministre des Finances à l’Assemblée législative de l’Île-du-Prince-Édouard, une expérience qu’il juge précieuse dans son nouveau rôle. « Ça me donne une meilleure compréhension des ressources financières nécessaires pour faire avancer le secteur agricole, et une aisance pour discuter de certaines réalités que d’autres ne maîtrisent pas forcément. »
En plus de son poste au ministère de l’Agriculture, il siégera à plusieurs comités gouvernementaux, dont le comité Bâtir le Canada, qui s’intéresse à la productivité économique, au logement et à la lutte contre les changements climatiques.
Bien qu’il ne connaisse pas encore tous les détails du mandat de ce comité, il anticipe que certaines préoccupations agricoles, notamment la pénurie de main-d’œuvre, y trouveront leur place. « Je serai la voix de l’agriculture. Je m’assurerai que chaque décision tienne compte de ses répercussions sur notre secteur. »
Il entend aussi faire avancer le dossier du commerce interprovincial, qu’il considère comme une priorité clé pour le gouvernement.
Parmi les revendications majeures des agriculteurs figurent l’abandon définitif des changements proposés à l’impôt sur les gains en capital, ainsi que l’élimination permanente de la taxe carbone pour les activités agricoles. « Sur ces deux points, je pense que les décisions de M. Carney vont dans la bonne direction », affirme-t-il. « Nous avons été très clairs sur la taxe carbone et sur notre volonté de l’abolir entièrement. »
M. MacDonald rappelle qu’il faisait partie des rares députés libéraux à appuyer le projet de loi C-234, qui proposait des exemptions à la taxe carbone pour certaines pratiques agricoles.
Il reconnaît aussi l’importance de s’attaquer à la lourdeur bureaucratique et à certains obstacles réglementaires — en particulier la réforme de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, qu’il souhaite mener à bien.
« Il y a beaucoup de défis dans plusieurs domaines. Notre travail, c’est de les hiérarchiser selon leur importance pour les secteurs concernés — et c’est ce qu’on va faire. »
« Les voies de communication sont ouvertes, et on va poursuivre le dialogue. Ensuite, on ramènera ces préoccupations à Ottawa, pour en discuter avec ceux qui peuvent agir — que ce soit l’Agence canadienne d’inspection des aliments, le ministère ou toute autre instance concernée. Ils vont entendre ce qu’on a à dire. »
Et de conclure, sur un ton déterminé : « Je suis plongé dans le dossier jusqu’au cou… mais on apprend, on avance, et on progresse. »
Cet article de Jonah Grignon a été publié originalement dans Grainews. Il a été traduit et adapté par l’équipe du Bulletin des agriculteurs.
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