Europe : les paysans devront se serrer la ceinture

Publié: 28 octobre 2002

Bruxelles (Belgique), 25 octobre 2002 – Le président français Jacques Chirac a affirmé vendredi avoir obtenu à Bruxelles « un bon accord » qui préserve, selon lui, la politique agricole commune pour les prochaines années grâce à une relance spectaculaire du couple franco-allemand, mais les paysans français devront quand même se serrer la ceinture.

« Cet accord est pour nous un bon accord », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet de l’Union européenne à Bruxelles.

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M. Chirac s’est en particulier réjoui que « les règles du jeu de la politique agricole commune ne seront pas modifiées jusqu’en 2006 » comme le réclamaient la Commission européenne et plusieurs pays européens qui souhaitent diminuer la facture agricole.

Mais, en contrepartie, Paris a dû accepter qu’à partir de 2007, les agriculteurs français reçoivent moins de subventions de Bruxelles, une concession faite aux Allemands.

C’est l’accord surprise intervenu jeudi soir entre le président français et le chancelier allemand Gerhard Schroeder sur le financement du volet agricole de l’élargissement qui a permis de trouver un compromis sur ce dossier qui risquait de bloquer l’élargissement.

Après plusieurs années de ratés, le moteur franco-allemand s’est vu relancer à Bruxelles, entraînant les autres Européens, ce qui a fait dire à M. Chirac que « s’il n’y a pas un accord entre l’Allemagne et la France, la construction européenne patine ou s’arrête ».

L’accord prévoit à la fois une pérennisation jusqu’en 2013 du principe des aides directes aux agriculteurs mais aussi un plafonnement de ces aides.

Le chancelier Schroeder a lui-même confirmé que « jusqu’en 2006, rien ne sera changé à ce qui a été décidé à Berlin (en 1999), donc à la politique agricole commune », donnant ainsi satisfaction à la France qui s’est battue pendant des mois pour refuser toute réforme profonde de la PAC avant l’échéance prévue, soutenue en cela par le puissant lobby agricole français.

A terme toutefois, pour l’après-2006, la bataille s’annonce rude: le Premier ministre britannique Tony Blair a répété vendredi qu’une réforme est « inévitable » et a accusé la PAC de nuire aux pays pauvres.

D’autre part, le plafonnement des aides dans une Europe élargie à dix nouveaux pays à majorité rurale, comme la Pologne, se traduira inévitablement par une diminution des fonds versés aux agriculteurs des Quinze, au premier rang desquels les Français.

Avec 9,2 milliards d’euros, la France est la première bénéficiaire de la politique agricole commune (PAC) dont les dépenses s’élèvent à un peu plus de 41 mds d’euros.

Les diplomates faisaient marcher leurs calculettes mais il était encore difficile de savoir quel sera l’impact des décisions de Bruxelles sur les subventions versées aux paysans des Quinze.

M. Chirac s’est attaché vendredi à dissiper les craintes des agriculteurs en assurant que la somme que les 25 pays devront se partager après 2006, « de toute façon est nettement supérieure à ce que nous dépensons actuellement » et constitue un « plafond garanti pour la période 2007-2013 ».

En outre, en dépit de l’entente franco-allemande, plusieurs pays du sud de l’Europe (Espagne, Portugal et Grèce) se sont opposés à des économies parallèles, comme le demandait M. Chirac, sur les fonds versés aux régions pauvres dont ils sont les premiers bénéficiaires.

Le Premier ministre britannique Tony Blair a aussi refusé de discuter pour le moment de la ristourne accordée depuis 1984 aux Britanniques sur leur contribution au budget européen.

Source : AFP