Paris (France), 24 juillet 2001 – Le gouvernement français a renforcé, à titre de précaution, son dispositif de lutte contre l’ESB (ou tremblante) du mouton, en demandant aux professionnels de notamment retirer de la chaîne alimentaire des organes et des tissus d’ovins et de caprins susceptibles de comporter un risque pour la santé du consommateur.
Outre cette extension de la liste des matériaux à risques (MRS), le gouvernement a décidé mardi par arrêté d’abaisser de 12 à six mois l’âge à partir duquel le système nerveux central des moutons doit être retiré de la consommation et détruit.
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Ce dispositif, arrêté par un texte des ministères de l’Agriculture, de la Santé et de la Consommation publié au Journal officiel, renforce la réglementation actuelle concernant la tremblante du mouton, une maladie à prions connue depuis longtemps, apparentée à l’Encéphalopathie spongiforme bovine.
Le gouvernement s’est en fait rangé à un avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) qui préconisait, à titre préventif, notamment l’extension de la liste des MRS pour les ovins et les caprins.
Aucune étude scientifique n’a démontré à ce jour que la tremblante du mouton est transmissible à l’homme, contrairement à la maladie de la vache folle.
La transmission de l’ESB aux ovins n’a pas non plus été prouvée dans les populations d’élevage, mais la maladie de la vache folle a pu néanmoins être transmise à des moutons dans des conditions expérimentales.
« Ce dispositif (…) privilégie la protection de la santé du consommateur conformément à la ligne de conduite constante du gouvernement dans la gestion du risque alimentaire », explique un communiqué commun des trois ministères.
« Les mesures supplémentaires prises aujourd’hui (…) sont guidées par un souci d’extrême précaution », poursuit ce communiqué.
Le dispositif existant prévoit le retrait de la cervelle, de la moelle épinière, des yeux, de la rate et des amygdales chez les animaux âgés de plus de 12 mois.
Mais désormais, la tête entière, y compris les amygdales, sera détruite quel que soit l’âge de l’animal, à l’exception des muscles des joues et de la langue.
La cervelle des animaux de moins de six mois pourra être commercialisée, sous réserve que l’âge puisse effectivement être prouvée à l’abattoir, précise l’arrêté.
Concernant l’élimination de la moelle épinière chez les animaux de plus de six mois, la mesure prendra effet à partir du 1er janvier 2002, date à laquelle tous les abattoirs devront être équipés du matériel de prélèvement.
Cette mesure s’appliquera, en outre, quel que soit l’âge de l’animal, si celui-ci ne peut être attesté par l’éleveur.
Concernant les intestins, le gouvernement prévoit une décision à l’automne, après un nouvel avis de l’Afssa, qui évalue actuellement l’efficacité des traitements visant à éliminer les tissus lymphoïques, susceptibles d’être porteurs de l’agent infectieux de la tremblante.
Le retrait de l’intestin est déjà en vigueur pour les animaux malades.
Le gouvernement précise que des mesures équivalentes seront « exigées » pour les produits importés de pays non indemnes de tremblante, en attendant une harmonisation européenne.
Sur ce point-là, un arrêté sera publié dans les jours qui viennent, précise le ministère.
Dans le cadre du réseau d’épidémiosurveillance prévu par la Communauté européenne, une campagne de dépistage de la tremblante, via des tests rapides, sera lancée à partir du 1er janvier 2002.
L’échantillonnage, qui sera définie après consultation de l’Afssa, devrait porter sur plusieurs milliers d’animaux à risques (malades, trouvés morts ou accidentés) mais aussi sur des animaux sains.
Le gouvernement prévoit en outre de renforcer, en septembre prochain, sa réglementation (police sanitaire) pour les troupeaux malades.
Outre les MRS, il prévoit le retrait des abattoirs des viscères thoraciques et abdominaux sur tous les animaux provenant de troupeaux atteints qui auront été « préalablement marqués ».
En matière de sélection génétique, une politique nationale est prévue avec pour but de sélectionner des béliers résistants à la tremblante afin d’éradiquer l’épizootie.
Un projet de décret, dont l’adoption est prévue à l’automne, sera en outre soumis au Conseil d’Etat afin de renforcer les « obligations des détenteurs successifs » d’animaux.
Son objectif est de mettre en place un système d’identification et de traçabilité « performant » des animaux.
Source : Reuters