Il y a dix mois, la pandémie bouleversait tous les comportements à l’échelle de la planète et force est de constater que le virus continuera de mener l’agenda en 2021, relève les experts de Financement agricole Canada (FAC). Une bonne gestion des risques sera toutefois importante en 2021 puisque les retombées de la pandémie ainsi que les changements climatiques occasionneront beaucoup d’incertitude.
La sphère agricole et agroalimentaire n’a pas échappé au ressac causé par la COVID-19, comme l’illustre la perturbation des chaînes d’approvisionnement à tous les niveaux: arrêt des activités des usines de transformation des aliments, acheminement difficile des produits agricoles et des aliments transformés canadiens vers plusieurs marchés extérieurs, changement des comportements des consommateurs liés aux restrictions, etc.
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C’est sans compter les tensions géopolitiques qui ont accentué l’incertitude occasionnée par la pandémie et ses effets sur les échanges commerciaux. À cela s’ajoute enfin les changements climatiques, déjà identifiés en début d’année 2020 comme un facteur aggravant pour le secteur agricole mondial. Les feux de forêt en Australie et en Californie, la saison record des ouragans et les nombreux records de chaleur battus l’an dernier en sont une preuve.
Les producteurs canadiens pourront toutefois compter sur deux tendances fortes, malgré la pandémie. « La pandémie n’a fait qu’accroître la demande d’aliments locaux de la part des consommateurs, tendance qui était déjà bien en place avant la pandémie. Parallèlement, les besoins de nos principaux importateurs d’aliments et de nos principaux marchés d’exportation augmenteront même si l’incertitude économique persiste en 2021 », résume Jean-Philippe Gervais, économiste agricole en chef à FAC.
Pour 2021, les experts de FAC entrevoient également une reprise de la croissance de la viande rouge avec la réouverture des restaurants en 2021, une tendance que le meilleur taux d’épargne observé chez les Canadiens en 2020 pourrait renforcer.
Les conditions météo difficiles dans la prochaine année pourraient aussi augmenter la demande pour les produits canadiens. En ce moment, le phénomène climatique La Niña est en cours. Il se manifeste par une température plus froide des eaux de surface dans le Pacifique, ce qui perturbe les modèles météo habituels. Déjà, une sécheresse a été observée en Amérique du Sud. Si La Niña se prolonge au-delà du printemps, cela pourrait avoir des effets sur les cultures les plus au sud aux États-Unis en causant du temps plus sec dans une région déjà aux prises avec un déficit de précipitations.
Les pays du G7 et la Chine constituent également des débouchés sur lesquels le secteur canadien pourrait miser.
Le Canada a donc la possibilité de rebondir des effets causés par la récession mondiale qui vu le PIB se contracter de 4,2%. Il faudra cependant que « les planètes soient alignées et que nous réussissons à nous relever rapidement de cette pandémie en 2021 », indique M. Gervais.
L’économiste en chef de FAC ajoute qu’une grande inconnue demeure, soit dans quelle mesure les retombées sanitaires et économiques de la pandémie se combineront avec les changements climatiques et les tensions géopolitiques pour influer sur la production agricole et les échanges commerciaux cette année.
« Même si de nombreux défis se profilent à l’horizon, une foule de possibilités s’offrent aussi aux producteurs et aux transformateurs d’aliments canadiens, soutient M. Gervais. L’important est d’avoir un bon plan de gestion du risque afin que votre entreprise demeure solide et viable pour profiter des débouchés qui se présenteront. »