Le CME Group, responsable de la Bourse de Chicago, annonce le lancement dès le 13 juin de contrats à terme sur le blé canadien. Ces contrats seront réglés en espèces et suivront l’expédition de céréales de Vancouver, où la majeure partie du blé rouge de printemps de l’Ouest canadien est exportée. Le contrat de blé canadien sera basé sur l’évaluation quotidienne du prix du blé Platts CWRS (CWRS de l’Ouest canadien) pour le blé CWRS numéro 2 à 13,5 % de protéines FAB Vancouver.
« Les contrats à terme sur le blé canadien complètent notre gamme existante de produits du blé et permettront à nos clients de gérer plus efficacement leur exposition à l’ensemble du commerce mondial du blé », a déclaré Tim Andriesen, directeur général des produits agricoles chez CME Group.
L’annonce faite par le CME Group reste toutefois conditionnelle à l’accord des autorités financières aux États-Unis, la Securities and Exchange Commission.
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Un impact limité sur les marchés
Selon Simon Brière, stratège de marché à la firme de courtage RJ O’Brien, ces nouveaux produits suivent la logique des marchés du blé, associés la plupart du temps à leur lieu d’origine. L’annonce surfe aussi probablement sur la faveur dont jouit le blé ces derniers temps sur les marchés, mais il doute quant au succès de ce nouveau produit sur le marché des produits dérivés. « La bourse de Minneapolis où est transigé en grande partie le blé de printemps est très efficace et compétitive. Je ne vois pas pourquoi cela vaudrait la peine de changer. Les gens sont habitués de fonctionner avec cette bourse et comme on dit, pourquoi vouloir réparer quelque chose s’il n’est pas brisé? »
Ramzy Yelda, analyste principal des marchés chez les Producteurs de grains du Québec (PGQ), est sceptique quant au projet qui aurait un intérêt davantage commercial que transactionnel. En théorie, l’annonce du CME traduirait la réalité du marché canadien au niveau de la production et des échanges. Une telle entreprise doit cependant susciter un volume d’échange important pour être significatif. L’expert doute cependant que ces contrats à terme vont susciter suffisamment d’engouement pour amener le volume nécessaire, surtout face au blé américain qui sert de valeur étalon dans le marché. «Je pense qu’il s’agit surtout d’un essai de la part du CME. »
Il ne s’agit pas de la première tentative d’introduire dans le marché un contrat à terme pour le blé canadien. Ce type de produit a été lancé il y a dix ans sur une autre bourse, la même qui régit les transactions de canola au pays. Ces contrats à terme ont toutefois été abandonnés peu après. Simon Brière s’attend à ce que le même sort survienne aux contrats à terme du CME, en raison du peu de transactions qui risque de s’y produire. Il n’a pas d’ailleurs l’intention de recommander à ses clients de se procurer ces produits.
L’annonce comporte quelques avantages pour les gens intéressés. Les futurs contrats à terme seront échangés en dollars américains, ce qui peut faciliter les échanges sur les marchés étrangers. Ils se retrouvent aussi chapeautés par le CME Group et donc, par les mêmes garanties et provisions de risque que ceux échangés à la bourse de Chicago, indique M. Brière.
L’analyste ajoute que l’annonce n’a pas d’impact pour le marché québécois, un joueur minime sur le marché canadien du blé et dont la production désert un marché local.