En huit ans, la productivité du secteur agricole au Québec a décliné, passant de la moyenne canadienne au dernier rang. La valeur des heures travaillées a augmenté depuis 2014, mais à un rythme moindre que dans les autres régions du Canada.
À partir de données compilées par Statistique Canada, la Direction des études économiques et des perspectives économiques du MAPAQ a évalué la productivité du travail. Elle a utilisé comme mesure la production (valeur ajoutée) des industries mesurée par le produit intérieur brut (PIB) par heure travaillée.
Selon ces mesures, le Québec affichait en 2014 une productivité par heure de 48,10$. En 2022, la productivité avait augmenté à 61,90$, soit une progression de 3,2%. Toutefois, ce chiffre se situe en-dessous de la moyenne canadienne de 4,5% et derrière l’Ontario qui prend le premier rang avec une croissance de 6,9% et une productivité de 55,90$.

Là où le bât blesse au Québec c’est du côté de la productivité du secteur des cultures. La croissance de la productivité dans les cultures est estimée à 0,6%, de loin la plus faible au pays, et loin derrière le pourcentage national de 3,1%
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Le secteur de l’élevage se situe toutefois dans la moyenne nationale à 5,8%, contre 5,7% au Canada. On constate d’ailleurs dans la province une diminution du nombre d’heures travaillées dans ce secteur qui se vérifie partout au pays. Au Québec, l’ampleur de la variation à la baisse des heures travaillées par rapport au PIB réel est de l’ordre de 22 %. La productivité, quant à elle, a augmenté de 57 % entre 2014 et 2022.

À l’inverse, le nombre d’heures travaillées dans les cultures a augmenté de près de 18%, tandis que la productivité s’est haussée de 4,5%. Les chiffres indiquent cependant un renversement de situation depuis 2020 avec une diminution des heures travaillées.
Un frein à une meilleure compétitivité se situe dans la rémunération de la main-d’oeuvre. En huit ans, les coûts de ces dépenses ont plus que doublé, soit une hausse de 55% en 2022 par rapport à 2014.
Quand on lie ces chiffres à la progression de 3,6% de la productivité, il est clair que les entreprises québécoises sont perdantes du point de vue de la rentabilité. Le rapport se conclut d’ailleurs sur cette phrase : « Les entreprises agricoles ont donc avantage à accroître leur productivité afin d’offrir des salaires attrayants leur permettant de combler leurs besoins en main-d’œuvre tout en demeurant compétitives ».