Les médicaments animaux pourrait contribuer à la résistance aux antibiotiques

Publié: 10 septembre 2001

Ottawa (Ontario), 8 septembre 2001 – Des millions d’animaux de ferme sont traités aux antibiotiques en Amérique du Nord, une situation qui pourrait avoir des conséquences néfastes pour les êtres humains, laissent entrevoir des données scientifiques.

Des chercheurs soutiennent que l’utilisation d’antibiotiques chez les poulets, les porcs et les bovins pourrait contribuer à la propagation de la résistance aux antibiotiques, qui se traduit par le développement de microbes ne pouvant être détruits par les antibiotiques.

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De nombreux antiobiotiques perdent de leur efficacité à mesure que les bactéries qu’ils cherchent à éliminer développent une résistance à leur action. Le problème a d’abord été attribué aux prescriptions excessives faites par certains médecins, mais depuis peu la médication massive donnée au bétail apparaît comme une autre cause importante.

Un rapport de l’Union of Concerned Scientists, un groupe de revendication américain, estime que chaque année, les éleveurs de bétail des Etats-Unis utilisent plus de 11 millions de kilos d’antibiotiques à des fins non thérapeutiques – c’est-à-dire pour faire augmenter le poids des bêtes, et non pas pour guérir des maladies.

Aucune donnée sur la question n’est disponible pour le Canada, mais des experts affirment que la situation est similaire de ce côté-ci de la frontière.

« La quantité totale d’agents antimicrobiens utilisés en agriculture est énorme, peut-on lire dans le rapport américain. Les bovins, les porcs et la volaille reçoivent systématiquement des antimicrobiens toute leur vie durant. Plusieurs des antibiotiques qu’on donne au bétail sont importants dans la médecine humaine. »

L’étude souligne qu’aux Etats-Unis, le bétail reçoit 70 pour cent de l’ensemble des antibiotiques mis sur le marché.

En 1997, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré: « les antibiotiques sont des médicaments vitaux pour traiter les infections humaines, mais leur efficacité est menacée par la surutilisation et l’utilisation inappropriée, qui contribuent à la résistance grandissante des bactéries ».

Santé Canada met sur pied un système national de surveillance afin de détecter le développement de la bactérie résistante aux antibiotiques. L’organisme fédéral n’a toutefois pris aucune mesure pour réduire l’utilisation des antibiotiques en agriculture et ne compile pas de statistiques sur cette pratique.

« Nous savons que plusieurs agents antimicrobiens utilisés dans le secteur agroalimentaire le sont aussi par la médecine humaine », dit Diane Kirkpatrick, chef du Bureau des médicaments vétérinaires de Santé Canada. « Nous savons qu’il y a un problème et que nous devons le suivre. »

Pour Shiv Chopra, un scientifique du Bureau qui ne mâche pas ses mots à l’endroit des politiques fédérales en santé, la seule surveillance n’est pas une solution. De nombreuses études ont recommandé que l’utilisation des antibiotiques en agriculture soit réduite, rappelle-t-il.

« Des études de ce genre ont été produites dans plusieurs pays et par différents organismes, et toutes disent la même chose – il faut restreindre, réduire, abandonner (l’utilisation des antibiotiques en agriculture) – mais cela n’est pas fait, sauf en Europe. Tout ce qu’ils répètent au Canada, c’est « on va poursuivre les études, on va embaucher plus de gens et on va continuer à suivre la situation. » »

Source : Presse Canadienne

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Santé Canada

http://www.hc-sc.gc.ca