Ottawa (Onatario), 25 février 2003 Les recettes monétaires agricoles les recettes totales que les agriculteurs tirent de la vente de produits agricoles et des paiements de programme ont chuté pour la première fois en quatre ans en 2002. Le recul fait bien ressortir les difficultés financières qu’ont éprouvées de nombreux producteurs, particulièrement dans l’Ouest canadien.
Au total, les agriculteurs canadiens ont tiré 35,7 milliards de dollars des ventes de bétail, des ventes de cultures et des paiements de programme. Il s’agit d’une baisse de 1,5 %, ou de 560 millions de dollars, par rapport au sommet de 36,3 milliards de dollars observé en 2001.
Les recettes du bétail ont fléchi pour la première fois depuis 1999. Seules les recettes des cultures ont augmenté, ce qui est assez surprenant de prime abord, étant donné les conditions de grave sécheresse qui ont touché les cultures dans certaines régions de l’Ouest canadien.
Les recettes des cultures ont crû dans toutes les provinces, sauf dans deux provinces des Prairies. Elles ont fléchi de 5,3 % en Saskatchewan et ont chuté de 7,9 % en Alberta. Dans les deux cas, la production de blé, d’orge et de canola a été durement touchée par la sécheresse.
À l’échelon national, les agriculteurs ont tiré 18,0 milliards de dollars des recettes du bétail, en baisse de 4,5 % par rapport à 2001. Les recettes des cultures ont monté de 4,7 % pour atteindre 14,3 milliards de dollars. Les paiements de programme ont fléchi de 9,3 % pour s’établir à 3,4 milliards de dollars, malgré les niveaux inégalés qu’ont atteints les paiements d’assurancerécolte, qui ont été versés en raison de mauvaises conditions de croissance et d’un accroissement des superficies cultivées assurées.
Les recettes monétaires constituent une mesure globale du revenu brut des exploitations agricoles. Les données sur le revenu agricole net, qui tiennent compte des dépenses engagées par les agriculteurs, paraîtront le 27 mai. Les recettes monétaires peuvent varier considérablement d’une exploitation agricole à l’autre en raison de plusieurs facteurs, dont les élevages et les cultures choisis, les prix et les conditions climatiques.
Les données sur les recettes monétaires agricoles publiées aujourd’hui tiennent compte des effets des conditions climatiques extrêmes qui ont sévi dans plusieurs régions du Canada en 2001 et 2002. Cependant, les effets des conditions climatiques de 2002 continueront de se faire sentir dans les statistiques financières agricoles au moins jusqu’à la fin de la première moitié de 2003.
Les recettes du bétail affichent un recul après avoir enregistré un sommet en 2001
Les recettes du bétail ont fléchi pour la première fois depuis 1999, les prix des principaux produits ayant chuté après avoir atteint un sommet en 2001. Elles demeuraient tout de même de 12,5 % supérieures à la moyenne quinquennale précédente de 1997 à 2001.
Les recettes porcines ont chuté de 13,9 % pour se fixer à 3,3 milliards de dollars, les prix s’étant effondrés audessous de la moyenne quinquennale précédente. La quasitotalité du repli est attribuable à une diminution de 19,9 % des prix des porcs d’abattage, qui a plus qu’annulé la hausse de 6,8 % des mises en marché. L’assouplissement des prix est attribuable à l’abondance des approvisionnements de porcs sur le marché nordaméricain, jumelée à la crainte des effets de la sécheresse de 2002 sur les prix des céréales fourragères, qui ont poursuivi leur progression.
Les recettes des bovins et des veaux se sont repliées de 3,4 % pour se situer à 7,6 milliards de dollars en 2002, après avoir connu six années consécutives d’augmentation. Les prix ont diminué de 6,7 %, alors que les mises en marché n’ont progressé que de 3,6 %.
La diminution des recettes des bovins et des veaux est principalement attribuable à une baisse des recettes des bovins et des veaux d’abattage vendus à l’échelon interprovincial, les prix s’étant repliés dans les deux cas. Cependant, les recettes monétaires des bovins et des veaux vendus à l’étranger ont poursuivi leur croissance, stimulées par des exportations records vers les ÉtatsUnis.
Les coûts élevés des aliments pour animaux et les conditions de sécheresse dans certaines régions des Prairies ont incité les agriculteurs à accroître le nombre de bovins livrés chez nos voisins du sud pour l’alimentation, l’engraissement et l’abattage. Les autres facteurs ont été les taux de change favorables et la croissance générale de la demande américaine de boeuf.
Les recettes de la volaille sont tombées à 1,6 milliard de dollars. Les prix ont diminué en raison d’une surabondance sur le marché national en 2001 et en 2002.
Les stocks de fin d’année des cultures n’ont jamais été aussi bas
Les stocks à la ferme des principales céréales et des principaux oléagineux ont fléchi pour atteindre des niveaux extrêmement faibles à la fin de 2001, principalement en raison de la sécheresse de l’été 2001. Cette diminution des stocks s’est traduite par une réduction des livraisons au cours de la première moitié de 2002. La tendance s’est poursuivie durant la nouvelle campagne agricole, au cours de laquelle la sécheresse a touché de vastes régions de la Saskatchewan et de l’Alberta pour une deuxième année consécutive.
Les recettes du blé (sauf le blé dur) ont accusé le recul le plus marqué des recettes des cultures, en baisse de 8,3 % pour s’établir à 2,4 milliards de dollars. Une diminution de 29,0 % des livraisons a épongé une hausse de 21,2 % des prix et une augmentation de 10,6 % des paiements de la Commission canadienne du blé (CCB). La rentrée rapide de la récolte de 2001 a poussé les agriculteurs à vendre la majeure partie de leurs cultures à l’automne. Par conséquent, le faible niveau des stocks a entraîné une baisse des livraisons durant la première partie de 2002. La petite récolte tardive de 2002 n’a pas inversé la tendance.
Les recettes de l’orge ont connu la deuxième diminution en importance, fléchissant de 24,8 % pour se fixer à 548 millions de dollars. Une hausse de 21,2 % des prix n’a pas été suffisante pour faire contrepoids à la diminution des paiements de la CCB ou à un recul d’un tiers des mises en marché. La maigre récolte d’orge a fait en sorte que les livraisons aux silos, l’utilisation de la récolte comme aliments pour animaux, et les stocks à la ferme de fin d’année n’ont jamais été aussi bas au cours des dix dernières années, selon les données de Statistique Canada sur les stocks de céréales au 31 décembre 2002.
La troisième diminution des recettes en importance a touché les producteurs de canola. Les recettes du canola ont connu une baisse de 5,5 % pour atteindre 1,6 milliard de dollars. Malgré une hausse de prix de 29,7 %, les mises en marché ont chuté de 27,1 %. Les stocks commerciaux étaient en hausse à la fin de 2002, en raison d’une faible demande d’exportation ainsi que de la grève et du lockout au terminal céréalier de Vancouver. Les stocks à la ferme étaient toutefois bien en deçà de la moyenne de dix ans, la production de 2001 et de 2002 ayant chuté à des niveaux inférieurs à la moyenne.
Une augmentation des recettes totales des producteurs de céréales et d’oléagineux en 2001 a incité les producteurs à différer une plus grande part de leurs recettes des cultures en 2002. Par conséquent, les réalisations ont crû de 35,1 % pour atteindre 831 millions de dollars en 2002, ce qui représente la valeur la plus élevée en trois ans. En outre, les sécheresses qui se sont succédé et qui ont entraîné de faibles niveaux de production et de stocks à mettre en marché en 2002 ont poussé les agriculteurs à différer une plus faible part de leurs recettes en 2003.
La deuxième augmentation en importance a touché les pommes de terre, leurs recettes ayant atteint un sommet de 952 millions de dollars en 2002. Il s’agit d’une hausse de 30,4 %, dans la foulée d’une demande d’exportation de produits de pommes de terre frais et transformés. Les prix ont bondi de 27,0 %. Cela est principalement attribuable au repli sensible de la production des pommes de terre de consommation en 2001, qui a entraîné un resserrement des approvisionnements disponibles durant la première moitié de 2002. Ce resserrement a par ailleurs exercé une forte pression à la hausse sur les prix des producteurs en 2002.
Les recettes du maïsgrain ont crû de 27,8 % pour atteindre 813 millions de dollars. Les mises en marché ont augmenté de 10,8 % en 2002, en raison d’une production supérieure à la moyenne en 2001 et en 2002, tandis que les prix ont monté de 15,3 %.
Les paiements de programme sont en baisse après avoir connu des niveaux quasirecords
Les paiements de programme ont baissé pour la première fois depuis 1998. La majeure partie de la diminution de 9,3 % des paiements de programme en 2002 est survenue car les paiements uniques d’aide d’urgence mis en oeuvre en 2001 ont pris fin.
Malgré cette baisse, le niveau de 2002 n’a été inférieur que de 387 millions de dollars au sommet enregistré en 1992. En outre, les paiements sont demeurés bien audessus de la moyenne quinquennale précédente de 2,2 milliards de dollars.
Les paiements de programme ont avoisiné des niveaux inégalés en 2001, principalement en raison de l’appui fédéral et provincial supplémentaire offert dans le cadre des programmes uniques d’aide d’urgence. La majorité de ces programmes devaient se terminer à la fin de 2001. Sans cette aide supplémentaire, les paiements de programme ont diminué en 2002.
Les paiements d’assurancerécolte ont atteint un niveau record de 1,5 milliard de dollars, en hausse de 43,3 % par rapport à 2001. Il s’agit de plus du triple de la moyenne quinquennale précédente. Les retraits des agriculteurs sur la partie gouvernementale du Compte de stabilisation du revenu net (CSRN) ont augmenté de 39,4 % pour atteindre un sommet de 616 millions de dollars en 2002.
Les paiements relatifs aux programmes d’aide en cas de catastrophe liée au revenu ont fléchi de plus du tiers pour se chiffrer à 387 millions de dollars en 2002.
Recettes monétaires agricoles | ||||||||||||||
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Janvier à décembre 2001 | Janvier à décembre 2002p | Janvierdécembre 2001 à janvierdécembre 2002 | Octobre à décembre 2001 | Octobre à décembre 2002p | Octobredécembre 2001 à octobredécembre 2002 | |||||||||
en millions de dollars | en millions de dollars | |||||||||||||
Canada | ||||||||||||||
Tout le blé1 | ||||||||||||||
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Orge1 | ||||||||||||||
Recettes différées | ||||||||||||||
Réalisation des recettes différées | ||||||||||||||
Canola | ||||||||||||||
Soya | ||||||||||||||
Maïs | ||||||||||||||
Autres céréales et oléagineux | ||||||||||||||
Cultures spéciales | ||||||||||||||
Autres cultures | ||||||||||||||
Total des cultures | ||||||||||||||
Bovins et veaux | ||||||||||||||
Porcs | ||||||||||||||
Produits laitiers | ||||||||||||||
Volaille et oeufs | ||||||||||||||
Autre bétail | ||||||||||||||
Total du bétail | ||||||||||||||
Compte de stabilisation du revenu net | ||||||||||||||
Paiements d’assurancerécolte | ||||||||||||||
Programmes d’aide en cas de désastre lié aux revenus | ||||||||||||||
Programme provincial de stabilisation | ||||||||||||||
Subventions aux produits laitiers | ||||||||||||||
Autres programmes | ||||||||||||||
Total des paiements | ||||||||||||||
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Recettes monétaires agricoles provinciales | ||||||||||||
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Janvier à décembre 2001 | Janvier à décembre 2002p | Janvierdécembre 2001 à janvierdécembre 2002 | Octobre à décembre 2001 | Octobre à décembre 2002p | Octobredécembre 2001 à octobredécembre 2002 | |||||||
en millions de dollars | en millions de dollars | |||||||||||
Canada | ||||||||||||
TerreNeuveetLabrador | ||||||||||||
ÎleduPrinceÉdouard | ||||||||||||
NouvelleÉcosse | ||||||||||||
NouveauBrunswick | ||||||||||||
Québec | ||||||||||||
Ontario | ||||||||||||
Manitoba | ||||||||||||
Saskatchewan | ||||||||||||
Alberta | ||||||||||||
ColombieBritannique | ||||||||||||
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Note aux lecteursStatistique Canada ne fait pas de prévisions pour les recettes monétaires agricoles. Les données qui s’y rapportent sont fondées sur les données des enquêtes et les données administratives provenant de plusieurs sources. Les recettes monétaires agricoles mesurent le revenu brut des entreprises agricoles en dollars courants. Elles comprennent les ventes de productions végétales et animales (sauf les ventes entre les fermes d’une même province) et les paiements de programme. Les recettes sont comptabilisées lorsque l’argent est versé aux agriculteurs, avant déduction des dépenses. Les recettes différées représentent les ventes de céréales et d’oléagineux livrés par les producteurs de l’Ouest pour lesquelles les paiements ont été reportés jusqu’à l’année suivante. Étant donné que ces recettes sont fondées sur les livraisons effectuées, les paiements différés sont déduits des recettes monétaires agricoles de l’année civile en cours et inclus lorsqu’ils sont réalisés (voir «Réalisation des recettes différées» dans le tableau des recettes monétaires agricoles). Les paiements de programme sont les paiements liés à la production agricole courante et versés directement aux agriculteurs. Mentionnons, à titre d’exemple, les paiements du Compte de stabilisation du revenu net (CSRN) et de la Loi sur l’assurancerécolte, ceux des programmes provinciaux de stabilisation et ceux qui sont versés en vertu de la Loi sur la Commission canadienne du lait. La série des paiements de programme ne vise pas nécessairement à englober tous les paiements effectués aux agriculteurs ni ne représente la totalité des dépenses des gouvernements se rapportant à tous les programmes d’aide. |
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Statistiques Canada
http://www.statcan.ca/
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