Québec présente ses recommandations sur les boues d’épuration

Publié: 6 septembre 2024

Fertilisation d'une prairie.

Le ministère de l’Environnement serait sur le point de déposer un projet de règlement concernant les boues solides provenant des centres d’épuration, selon Radio-Canada.

Après avoir mis sur pied une consultation publique l’été dernier, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs aurait rédigé des modifications qui seraient apportées au Guide sur le recyclage des matières résiduelles fertilisantes (MRF). La dernière mouture date de 2015 et des changements ont pour la première fois été promis par Québec en 2018.

Le gouvernement a décidé de revoir le guide à la suite de reportages concernant l’importation en 2022 dans la province de boues solides provenant des États-Unis et dont l’épandage est interdit dans certains États. Ces boues sont utilisées comme alternative aux fertilisants chimiques ou au fumier. La controverse vient du fait que ces boues contiennent de ce qu’on appelle des « polluants éternels ». Ces derniers, appelés perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques (PFAS), se dégrade très lentement ou pas du tout dans l’environnement, d’où l’inquiétude quant à leur utilisation sur des terres agricoles.

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Selon Radio-Canada, le ministère souhaite créer une « nouvelle catégorie de contaminants, dits d’intérêt émergent, à tester dans les boues en amont de l’épandage, qui s’ajouterait aux critères de qualité que le ministère de l’Environnement contrôle déjà ». Les PFAS y sont inclus, mais d’autres contaminants pourraient s’ajouter selon une approche dite de précaution. Le seuil de PFAS pourrait faire en sorte de l’éliminer comme produit destiné à l’agriculture.

Divers critères seraient également pris en compte, comme l’épandage près d’un cours d’eau ou de l’eau potable et le potentiel d’accumulation.

Les mesures proposées ne font pas l’unanimité. Le professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal, Sébastien Sauvé, a indiqué dans l’article de Radio-Canada et sur les réseaux sociaux qu’il aurait aimé que le ministère de l’Environnement soit plus sévère. Selon les changements proposés, un total de 13 PFAS et de sulfonate de perfluorooctane (PFOS) seraient limités. « Bonne idée, mais un peu trop timide. Il faut augmenter le nombre de PFAS ciblées aux 25 les plus présents pour s’assurer de bien protéger nos sols, nos nappes phréatiques et nos producteurs agricoles », indique Sébastien Sauvé sur Linkedin. Le problème proviendrait du calcul des taux admissibles et des recommandations d’Ottawa sur une plus grande gamme de PFAS et de PFOS, qui n’ont toutefois pas force de règlement.

Nous avons contacté l’Ordre des agronomes du Québec pour avoir leurs commentaires sur le dossier et nous n’avons pas reçu de retour au moment de mettre en ligne.

Pour la suite des choses, le moratoire quant à l’importation de boues demeure jusqu’à l’adoption du nouveau code, ce qui pourrait avoir lieu le 1er novembre 2025. Les boues provenant des États-Unis ou d’ailleurs devront ensuite respecter les nouveaux seuils de contaminants pour être acceptées. Avant que les modifications au guide soient adoptées, le ministère doit évaluer les suggestions faites à la suite de la consultation publique, avant de passer par les différents ministres pour approbation finale et terminer par la publication dans la Gazette officielle.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.