Un organisme verra à l’application de la nouvelle réglementation sur les plastiques agricoles

Publié: 27 juin 2023

Un organisme verra à l’application de la nouvelle réglementation sur les plastiques agricoles

Si tout se déroule comme prévu, AgriRÉCUP sera nommé pour voir à la mise en œuvre de cette mini révolution dans la collecte et la récupération de ces déchets au Québec.

Officieusement, rien n’est confirmé, mais si les démarches suivent leur cours normal, c’est l’organisme AgriRÉCUP qui prendra en charge cet important chantier qui revoit toute la chaîne de valorisation des plastiques agricoles au Québec.

La présidente de l’organisme, Christine Lajeunesse, ne pouvait confirmer la nouvelle à une semaine de l’échéance avant l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation mais indique être en discussion depuis 2018 avec le ministère de l’Environnement, en compagnie d’autres partenaires tels que l’UPA, Sollio Agriculture, les manufacturiers et les fabricants liés aux plastiques destinés à des applications agricoles. « Depuis la dernière année nous avons eu de nombreuses discussions », explique Mme Lajeunesse.

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Le projet du gouvernement est ambitieux puisqu’il s’agit de prendre en main pour l’ensemble de la province une collecte laissée à la volonté d’organismes locaux et qui a permis de créer des histoires de succès. L’initiative vise également à élargir les types de plastiques récupérés, de manière progressive comme dans le cas des plastiques en milieu maraîcher, afin que le moins possible de plastiques finissent à l’enfouissement.

« Actuellement, 11 000 tonnes de plastiques sont enfouies par année et seulement 10% de ce qui est utilisé est récupéré », déclare Mme Lajeunesse.

L’autre élément essentiel de la nouvelle vision du gouvernement est de responsabiliser les fabricants de plastiques. Ils ont l’obligation de collaborer pour créer des dépôts de collecte des plastiques, avec l’organisme de gestion reconnu (OGR) qui serait selon toute éventualité AgriRÉCUP. C’est pourquoi les discussions ont impliqué ces derniers depuis les débuts pour s’assurer de leur collaboration.

Il s’agit d’un changement important également pour les organismes à but non lucratif qui assuraient jusqu’à aujourd’hui ce service. Ils perdent en effet le financement qui leur permettait alors de fonctionner, fonds qui seront acheminés à l’OGR qui deviendra la chef d’orchestre de toute l’opération. Certains services pourraient toutefois demeurer en place s’ils conviennent aux services de collectes locales, selon la présidente d’AgriRÉCUP. « Des plastiques, comme ceux pour les balles de foin, pourraient continuer. »

Les discussions en cours incluent d’ailleurs ces acteurs pour mener à bien ces projets collaboratifs. Deux coordonnateurs engagés dans la dernière année ont pour mandat de faire le pont entre AgriRÉCUP et le terrain.

Autre changement, et non le moindre, les producteurs devront se déplacer pour porter leurs plastiques aux centres de dépôts désignés.

La collecte n’est toutefois que la partie visible de l’iceberg, illustre Mme Lajeunesse. En plus de collaborer avec les différentes parties, comme les producteurs agricoles, les fournisseurs de plastiques et les autorités municipales, il faut mettre en place le transport, parfois spécialisé, et les recycleurs.

« C’est dans l’esprit de l’économie circulaire. Les déchets deviennent des ressources. Il faut trouver maintenant des fournisseurs québécois qui prendront en charge le recyclage afin que ces produits réintègrent le secteur agricole et ainsi fermer la boucle. »

À terme, le programme devrait s’autofinancer en partie grâce aux revenus qui seront réintégrés dans le système. Les producteurs agricoles doivent toutefois s’attendre à payer des éco-frais liés aux plastiques. Mme Lajeunesse avoue qu’il n’est jamais agréable de voir des frais supplémentaires mais indique que la pratique fonctionne avec succès pour d’autres articles, comme les pneus ou les électroménagers usagés. La pratique a aussi cours en Europe depuis très longtemps.

La présidente d’AgriRÉCUP avoue qu’une période d’adaptation sera nécessaire et qu’il reste encore beaucoup à faire. Des étapes sont cependant prévues pour les différents plastiques touchés par la réglementation. Elle avance aussi que toutes les régions bénéficieront du service qui sera plus développé. Par ailleurs, le gouvernement fédéral doit sous peu annoncer sa propre réglementation qui impliquera également les fournisseurs de plastiques.

Ultimement, l’organisme  aimerait ne plus voir aucun plastique dans les sites d’enfouissement. Si ce but reste encore difficile à atteindre, le Québec pourrait devenir un acteur important du recyclage des plastiques agricoles en Amérique du Nord en développant les expertises adéquates.

Pour l’instant, l’optimisme est de mise. AgriRÉCUP table sur ses années de récupération de contenants à herbicides et semences, ainsi que de produits vétérinaires périmés. « Nous sommes confiants puisque nous avons beaucoup d’expérience. La base est également là. Nous allons continuer de collaborer avec l’UPA, les municipalités et Recyq-Québec », indique Mme Lajeunesse.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.