Comme c’est le cas dans bien des choses, dans la mise en marché de ses grains, on fonde de l’espoir que demain sera un jour meilleur. En bientôt 20 ans de carrière à suivre et analyser les marchés, s’il y a une constante, c’est bien celle-là.
Et on ne peut discréditer cette idée souvent profondément ancrée dans l’esprit de ceux qui ont à vendre leurs récoltes que les prix seront plus intéressants plus tard. Il est vrai qu’avec de la patience (parfois beaucoup), tôt ou tard il est rare que les prix ne parviennent pas à regagner un peu de tonus suivant la récolte.
Cela dit, je crois qu’il est important de prendre un pas de recul pour se faire une idée de la direction générale que semblent suivre les prix des grains depuis un moment.
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Pour chaque culture, il existe un moment où une simple marche dans la parcelle permet de détecter les anomalies susceptibles d’affecter le rendement et dont les symptômes peuvent s’estomper avant la récolte.
Pour ce faire, je vous joins trois graphiques qui, à mon avis, résument assez bien la situation.
Comme on le constate, que ce soit le maïs, le soya ou le blé, à Chicago la tendance de fond est distinctement à la baisse depuis les sommets de l’hiver/printemps 2022. Mais, il y a plus…
J’en ai déjà parlé, mais jusqu’à présent le comportement des prix que nous avons observé en 2023 ressemble « étrangement » à ce que nous avions vécu en 2013, ce que j’ai illustré dans les graphiques.
Certains diront que c’est plutôt déprimant de faire ce parallèle. Effectivement, ce peut l’être. Si vraiment 2023 est comme 2013, alors pour 2024 nous risquons de voir les prix s’enfoncer encore davantage pour atteindre des creux définitifs à la récolte l’an prochain. On peut toutefois voir le verre à moitié plein plutôt que vide.
D’une part, si 2023 est comme 2013, alors nous pourrions aussi observer un rallye intéressant des prix au cours des prochains mois, une opportunité à ne pas manquer si c’est le cas.
D’autre part, je pars du principe que ce qui s’est produit en 2013-2014 pourrait se reproduire en 2023-2024. Et en ce sens, le comportement des prix de la dernière année appuie cette hypothèse. Mais on sait bien cependant que les marchés agricoles ont cette capacité de surprendre là où on s’y attend le moins. En réalité, il ne suffit que de mauvaises conditions et de mauvaises récoltes cet hiver du côté de l’Amérique du Sud, sinon ensuite du côté des États-Unis la saison prochaine, et l’histoire devant nous sera bien différente. Nous pourrons alors dire que finalement, les prix ont atteint un nouvel équilibre à des niveaux plus élevés, que nous avons évité de nouveaux creux beaucoup plus bas en 2024 et que le pire est derrière nous.
Je l’espère bien pour les producteurs de grandes cultures avec la situation économique actuelle qui rend plus difficile de rentabiliser la production de grains. Toutefois, il ne faut pas non plus se mettre la tête dans le sable. Pour l’instant, considérant le contexte d’offre et demande que nous avons dans les grains et les tendances de fond baissières en place depuis 2022, 2024 s’annonce une année plus difficile pour la mise en marché de ses récoltes. Le mot d’ordre, il y aura des opportunités, mais il ne faudra pas les manquer!
