Puisque le maïs est une plante annuelle, il est normal, voire souhaitable, qu’à la fin de la saison, il meure. Idéalement, les hybrides auront eu le temps de compléter leur cycle physiologique avant d’atteindre une sénescence complète. Ainsi, la plante aura accumulé le maximum de matière sèche avant de se dessécher. Elle aura également fourni les glucides (sucres produits par la photosynthèse) essentiels au développement de l’épi sans puiser outre mesure dans les réserves qui maintiennent la tige et la plante en santé.
Cependant, lorsque des stress réduisent la photosynthèse, qu’ils soient causés par un manque d’eau ou de soleil, un problème de fertilité, une réduction de la surface foliaire, ou une succession de nuits froides à la fin août, la plante priorisera le développement de l’épi en réacheminant les glucides emmagasinés dans la tige vers les grains. S’ensuit alors une sénescence précoce de la plante. Il en découle parfois la formation prématurée d’une zone d’abscission à la base du grain (point noir), alors que la ligne d’amidon est toujours présente. Autrement dit, la plante coupe prématurément la connexion entre la rafle et le grain.
Il va sans dire qu’une fin abrupte du développement du grain réduit le potentiel de rendement. De plus, la mort prématurée peut entraîner des problèmes de verse de la tige et des racines. Il convient de préciser que la verse racinaire dont il s’agit ici ne produit pas de cols d’oie, car les tissus ne sont plus en croissance. En conditions idéales, une plante en santé résiste à la verse jusqu’à la récolte. Cependant, lorsqu’il y a une mort prématurée de la plante, les pathogènes peuvent plus facilement l’infecter et coloniser les tissus ligneux essentiels à la rigidité des structures. On assiste alors à une pourriture des racines ou de la tige. Le vent n’a plus qu’à faire son œuvre pour créer de la verse.
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Comment choisir la bonne semence?
Sélectionner la semence optimale pour le maïs ou le soya représente un gros défi. Bien que les caractéristiques génétiques des hybrides ou des cultivars puissent être connues à l’avance, il demeure difficile de prévoir les conditions de croissance pour la prochaine saison. Voici quelques conseils.
Certains stress qui se manifestent habituellement à la fin août peuvent devancer la senescence du maïs. Je pense ici à un manque d’ensoleillement, à l’apparition de maladies foliaires telles que le dessèchement ou l’anthracnose, à une sécheresse tardive ou à une séquence de nuits froides qui pourraient interrompre la croissance des plantes.
Bien qu’on ne puisse éliminer les stress liés à la température, certains aspects de la régie de culture peuvent tout de même prévenir la mort prématurée du maïs. Pensons au taux de semis : était-il réaliste pour le niveau de fertilité de la parcelle ? Par exemple, une densité trop élevée du peuplement sur un sol à faible potentiel de rendement exacerbe la compétition entre chaque plante. Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer l’impact du rapport potassium/azote sur la capacité de la plante à combattre les pathogènes, incluant ceux liés à la pourriture des tiges. De plus, le choix des hybrides que l’on sème est primordial.
Dans un article récent, j’insistais sur l’importance de suivre la ligne d’amidon pour bien connaître la précocité physiologique des hybrides. Or, les hybrides qui ont une maturité physiologique tardive et un séchage rapide exigent des conditions idéales en fin de saison pour réaliser leur plein potentiel. Lorsque les conditions ne s’y prêtent pas, ils peuvent souffrir d’un manque de photosynthèse et manifester, entre autres, des problèmes de verse. Une faible tolérance aux maladies foliaires peut également mener à un dessèchement prématuré. L’utilisation de fongicides est alors une option à considérer pour assurer la photosynthèse. Enfin, la récolte précoce des champs touchés par la pourriture des tiges peut minimiser les pertes liées à la verse. Certains conseillent de pousser les tiges pour évaluer le risque de verse des parcelles. Je préfère pincer entre l’index et le pouce les tiges près du sol, si le but est de seulement évaluer la pourriture des tiges. Les tiges pourries s’écrasent facilement peu importe leur diamètre. Selon l’importance du problème, on pourra récolter les champs les plus touchés en premier.
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