Le marché du soya à Chicago a repris un peu de pics dernièrement. À Chicago, il a pratiquement affiché un retour à la hausse de près de 1 $US/boisseau (36,7 $US/tm) depuis son creux fin février, début mars. Mieux, ce regain lui a également permis de gravité de nouveau autour de 12 $US/bo., et de briser par la même occasion sa tendance baissière qui était en place depuis la mi-novembre dernier.

Celui au Québec n’est pas en reste non plus. De son creux fin février sous la barre du 540 $CAN/tonne fab ferme, il se transige maintenant autour de 560-570 $CAN/tonne fab ferme. Pour ceux qui sont plus familiers avec l’analyse du marché local, on prend note au passage que la base $US c’est également raffermi dans la dernière semaine. Considérant la progression à Chicago, ce raffermissement de la base $US/bo. est d’autant encourageant.
Alors, pourquoi le prix du soya affiche ce regain de fermeté après des semaines sous pression?
Comme c’est souvent le cas, il n’y a pas qu’un seul facteur qui puisse expliquer ce retour à la hausse, mais plusieurs :
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Pour chaque culture, il existe un moment où une simple marche dans la parcelle permet de détecter les anomalies susceptibles d’affecter le rendement et dont les symptômes peuvent s’estomper avant la récolte.
1 – On s’interroge toujours à savoir si la récolte brésilienne de soya, maintenant complétée à plus de 60%, sera à la hauteur de ce qui est prévu. Les estimations des firmes privées restent d’ailleurs assez variables, de 138 à 148 millions de tonnes, contre 162 millions de tonnes l’an dernier, et le USDA se situant à 155 millions de tonnes pour cette année. Bref, ce qu’on retient, c’est qu’il y a un sentiment que la récolte brésilienne de cette année serait moins importante qu’estimée jusqu’à présent.
2 – On prévoit toujours une excellente récolte du côté de l’Argentine, à un record de plus de 50 millions de tonnes cette année. Par contre, de récentes précipitations qui étaient jusqu’ici jugées bénéfiques commencent à préoccuper un peu puisqu’elles devraient persister dans certaines régions.
3 – La trituration de fève aux États-Unis demeure très vigoureuse mois après mois. Et avec le prix du soya qui a passablement reculé, certains estiment que la demande pour la trituration devrait rester vigoureuse, assez pour continuer de faire pression sur des inventaires américains de soya qui demeurent historiquement bas.
Maintenant, est-ce que ces différents éléments sont assez sérieux pour qu’on puisse vraiment se dire qu’il y a quelque chose d’important qui se trame? À mon avis, la réponse est non, pas pour l’instant…
Il faut retenir également que les spéculateurs ont « fortement » vendu à Chicago le marché du soya depuis janvier dernier. Comme j’en ai fait mention très souvent lors de conférences, le fait qu’ils soient « très vendus » jette les bases à ce que le moindre imprévu ou élément « un peu » positif occasionne un rachat des spéculateurs; par ricochet un rebond des prix. Ce semble le cas présentement.
Ce jeudi, nous attendons un rapport très important du USDA aux États-Unis, celui sur les intentions d’ensemencements américains. Pour le soya, les marchés anticipent une hausse de 3-5% cette année. Je ne me lancerai pas dans une analyse de ces prévisions et surtout, à savoir si ce pourrait être plus ou moins que ce qui est anticipé.
Par contre, un tel rapport est un point tournant important qui peut autant propulser davantage à la hausse le marché du soya… que le forcer à plonger de nouveau.
Alors, vaut-il mieux attendre encore, ou sauter sur l’occasion pour vendre un peu de soya cette semaine?
Jusqu’à preuve du contraire, tout dépendant des intentions d’ensemencements américains, aucun élément ne me donne à croire que nous venons d’assister à un retour définitif à la hausse. Pour l’instant, au mieux, le marché du soya cherche à confirmer qu’il a atteint un creux définitif…
Considérant tout ceci, comme je l’ai mentionné à plusieurs reprises lors de conférences que j’ai présentées cet hiver, tout rallye des prix cette année mérite toujours d’être récompensé par des ventes, que ce soit pour l’ancienne comme la prochaine récolte.
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Le jeudi 28 mars prochain, le département américain de l’Agriculture (USDA) présentera également les résultats de son sondage sur les intentions d’ensemencements américains (Prospective Plantings). Ce rapport toujours très attendu des marchés représente un tournant important pour les marchés. Il permet de jeter un premier regard sur ce que pourrait être le contexte d’offre et demande de grains pour la prochaine année.
En réaction aux résultats de ce rapport, je vous invite à participer au webinaire que je présenterai pour Le Bulletin des agriculteurs le vendredi 5 avril suivant de 9h00 à 10h30. Pour en savoir plus et vous inscrire —-> Les tendances : intentions de semis 2024
